Comme annoncé en prémisse de cette 8ème saison et confirmé par deux premiers épisodes, Deep Breath et Into The Dalek, l’exploration de la personnalité de la douzième incarnation du Docteur entraîne une certaine noirceur? Une gravité contrebalancée par de multiples moments humoristiques (gags de situations et/ou langagiers absolument désopilants)afin que l’ambiance ne pas trop pesante voire dépresssive. Steven Moffat est un orfèvre pour ciseler ce genre d’histoires et d’atmosphère. Avec l’épisode Robot of Sherwood, où Clara et le Doc rencontrent le très cabotin Robin des bois, oon verse plus allègrement dans la légèreté avec quelques pointes moins enjouées (morts de deux villageois) et caustiques (le Docteur procédant à l’examen approfondi des compagnons du comte de Luxley) mais cette fois-ci, l’équilibre est plus instable, la personnalité farfelue du prince des voleurs déteignant sur l’ensemble et entraînant le Timelord. Le contraste est saisissant mais pas toujours heureux. En tous cas, cela offre une occasion à Peter Capaldi de montrer quelques autres facettes de sa talentueuse palette en conservant la même intensité.
La confrontation entre le Docteur et Robin engendre une opposition contrastée qui voit les deux personnages se comporter en véritables garnements, des sales gosses se disputant pour savoir qui est le plus adroit avec son arc (autrement dit, qui a la plus grosse…flèche) ou se perdent en palabres stériles et puériles lorsqu’ils sont emprisonnés. Une séquence au souffle court qui ne vaut que pour la mise en relief du caractère modéré et réfléchi de Clara qui apparaît plus mature que ses deux compagnons de cellule.
S’il ne restera pas dans les annales de la série, Robot of Sherwood n’est cependant pas désagréable à suivre malgré quelques faiblesses structurelles. Le travail de Mark Gatiss sur Doctor Who est loin d’être déshonorant mais il se montre plus à l’aise pour scénariser des épisodes de Sherlock. On pourra également reprocher le dénouement abrupt et bien commode pour envoyer, en un lancer de flèche, la menace sur orbite. De même qu’il est dommageable que l’épisode ait subi une coupe d’une minute durant le duel opposant Robin et le shérif où il était clairement montré sa nouvelle nature jusqu’ici seulement suggérée.
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Cependant, l’épisode contient suffisamment d’aspects intéressants pour faire oublier en partie la déception qu’il suscite. Clara y est une nouvelle fois mise en avant, poursuivant ainsi son développement alors que depuis son apparition en saison 7, elle peinait à s’imposer aux côtés de Matt Smith, leur dynamique n’ayant pas le même impact que celle imprimée avec la remarquable Karen Gillian. Face à ce nouveau visage, la fille impossible (à se remémorer ?) trouve plus naturellement sa place.
Tandis que l’épisode précédent questionnait la moralité du Docteur s’inquiétant de savoir s’il pouvait être considéré comme un homme bon, ici on aborde sa place en tant que figure héroïque. La rencontre entre les deux légendes est assez savoureuse de ce point de vue là, chacun remettant en cause la nature réelle de l’autre. Un devenir mythologique que The Time Of The Doctor abordait avec beaucoup plus de puissance évocatrice, Robot Of Sherwood s’intéressant à la force d’inspiration, l’espoir, que les deux personnages peuvent engendrer.
Enfin, il est fait référence une seconde fois après Deep Breath à cette Terre Promise désespérément recherchée par des robots. Avec cette fois-ci l’association sur un écran d’une modélisation orangée d’une planète (Gallifrey ?). Les calculs mystérieux commencés après son réveil agité dans l’épisode 1 et poursuivis ici renverraient donc peut être à des coordonnées. Ce lien avec le fil rouge de la saison permet d’évoquer Missy, la gardienne du « paradis », dont l’absence dans cet épisode offre paradoxalement une interprétation possible sur son mode de fonctionnement. Accueillant généralement les morts du jour, elle n’apparaît pas dans cet épisode pourtant peu avare en la matière. Missy semble donc prendre en charge les individus décédés qui se sont sacrifiés pour que le Docteur et ses compagnons survivent, ceux qui comme Half Man Face et Gretchen ont été convaincus par les mots ou l’attitude du Docteur d’agir, de mourir, pour le bien commun.
Finalement, pour un épisode léger, Robot Of Sherwood met à jour quelques spéculations stimulantes.
Nicolas Zugasti
Doctor Who Saison 8 – épisode 03: Robot of Sherwood
Showrunner : Steven Moffat
Réalisation : Paul Murphy
Scénario : Mark Gatiss
Interprètes : Peter Capaldi, Jenna Coleman, Neve McIntosh, Dan Starkey, Catrin Stewart, Peter Ferdinando, Michelle Gomez…
Montage : William Oswald
Photo : Mark Waters
Musique : Murray Gold
Origine: Royaume-Uni
Duréé : 45 mn
Diffusion BBC One: 06 septembre 2014
Bien reçu, merci !
dola
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