Pourquoi parlons-nous à voix haute quand nous savons que nous sommes seuls ?
Peut être parce que nous savons que nous ne le sommes pas vraiment ? Si la nature a su créer le parfait chasseurs, la parfaite défense. Pourquoi pas le parfait camouflage ?
Mais comment le savoir ? Si une créature pouvait se cacher à la perfection, comment saurions-nous même qu’elle existe, puisqu’on ne peut pas la voir ?
Sauf dans ces moments, rares, où la créature choisirait de nous parler. Peut-être qu’il suffirait alors simplement d’écouter.
Quatrième épisode de cette huitième saison qui commençait à manquer sérieusement d’un épisode d’envergure, après des débuts quelque peu poussifs. Les promesses d’une nouvelle livraison plus sombre des aventures du Docteur, à base de monstres cachés sous le lit, faisaient saliver. Après Blink et ses désormais mythiques anges pleureurs, un impérieux Listen nous faisait miroiter l’arrivée d’une nouvelle menace tout aussi flippante.
C’était bien entendu sans compter sur le talent de Steven Moffat, seul signataire du scénario, qui nous livre un épisode de très haute tenue, jouant avec les attentes du spectateur pour mieux les désamorcer. En effet, point de monstre dans cet épisode, quand bien même une silhouette sous une couverture vous aura rarement autant fait flipper, exposant l’adulte à la plus grande de ses terreurs enfantine, celle universellement partagée de la créature qui se cache sous votre lit.
Jonglant entre les interrogations obsessionnelles du Docteur et le rendez-vous difficile de Clara avec Danny Pink, son nouveau collègue professeur, l’histoire se met en place pas à pas, se construisant d’une manière a priori découse, mais dont les pièces s’emboitent logiquement jusqu’à un final éblouissant de force et de simplicité.
Dans cette scène, dont nous ne diront rien de plus, Moffat redonne à Clara un rôle et une importance qu’elle avait perdu depuis la résolution du mystère entourant son statut de « fille impossible ». Jouant, depuis la reprise de la série, au Docteur à la place du Docteur, face à un Cappaldi en pleine introspection, Clara Oswald, par la grâce du talent de Jenna Coleman, s’affirme pleinement comme étant l’un des plus importants compagnons qui ait accompagné le Seigneur du temps.
La scène, magnifique, située dans le plus improbable des décors, apporte un éclairage inattendu sur la personnalité même du Docteur, cette personnalité qui est au cœur des interrogations de la nouvelle incarnation du voyageur infatigable qui décida un jour de voler un TARDIS pour parcourir les étoiles.
Sans doute Moffat a-t-il levé là un coin important du voile qui recouvre encore l’arc narratif principal de la saison, avec en ligne d’horizon la mystérieuse Missy, dont nous n’avons plus de nouvelles depuis deux épisodes entiers, mais qui ne manquera pas de ressurgir au moment opportun.
Listen est bien l’épisode d’envergure, inattaquable, dont cette huitième saison avait besoin, l’un de ceux que l’on se presse de faire découvrir à ses amis qui n’auraient pas encore succombé aux charmes des aventures folles du dernier Seigneur du temps, de ceux qui replacent la barre haute et nous font attendre avec encore plus de fébrilité la suite des évènements.
Julien Taillard
Doctor Who – Saison 8 – épisode 04 : Listen
Showrunner : Steven Moffat
Réalisation : Douglas Mackinnon
Scénario : Steven Moffat
Interprètes : Peter Capaldi, Jenna Coleman, Samuel Anderson, Remi Gooding, Robert Goodman…
Montage : Selina Macarthur
Photo : Suzie Lavelle
Musique : Murray Gold
Origine : Royaume-Uni (à ce jour)
Durée : 45 minutes
Diffusion : BBC One : 13 septembre 2014
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