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JohnCarpenter 2010
En ce moment, les organisateurs du NIFFF, le Neuchâtel International Fantastic Film Festival, doivent être sur des charbons ardents. Leur manifestation démarre demain, le 1er juillet, et leur invité principal n’est rien de moins que John Carpenter. Dès le premier jour, la barre des programmations est placée très haut : deux films de Big John, Dark Star et Assault on Precinct 13, un classique (La sorcellerie à travers les âges de Christensen), une curiosité (un film de vampires argentins de 1953, El vampiro negro), un hommage à Prince avec Purple Rain et des nouveautés : les chinois Chongking Hot Pot et The Mermaid, le turc Bad Cat, le danois Parents, le suisse Der Vampir auf der Couch, l’australien Scare Campaign et les américains February (signé par Oz Perkins, le fils d’Anthony) et Pride and Prejudice and Zombies. De quoi saliver pendant des heures alors que ce n’est que le premier jour. Et cela va durer ainsi jusqu’au 9 juillet.

On l’aura compris, le NIFFF propose non seulement une rétrospective complète de Carpenter, de Dark Star (1974) à The Ward (2010) – le téléfilm sur Elvis a été écarté, sans doute parce qu’il ne correspondait pas au thème – mais, cerise sur le gâteau, un concert du monsieur, lui qui a composé les bandes originales de la plupart de ses films. Le John Carpenter Live se déroulera le mardi 5 juillet et non le 6, comme cela avait été annoncé par le festival précédemment.

they live roddy piper keith david

Pour accompagner le NIFFF, rien de tel que de se replonger dans la filmo de Carpenter. De tous ses films, dont la plupart nous font encore frissonner de plaisir rien que d’y penser, je mettrais volontiers en avant son génial They Live (1988, Invasion Los Angeles). Et comment ne pas repenser à cette fameuse séquence où le héros, John Nada (incarné par le regretté Roddy Piper, disparu il y a tout juste un an), s’aperçoit en trouvant par hasard des lunettes de soleil que non seulement nous sommes sous la domination d’horribles aliens à têtes de morts mais que l’essentiel de nos publicités nous claironnent des messages subliminaux du style « Achète », « Obéis » et autres réjouissances du même ordre. La scène la plus marrante, la plus édifiante est celle où John Nada veut absolument prouver à son pote Frank (Keith David) qu’il doit chausser les lunettes. Frank ne veut pas. John insiste. Frank ne veut pas. John insiste. Et ça dure un petit moment. Puis Frank dit à John de lui foutre la paix. John ne veut pas. Frank insiste. John ne veut pas. Car John veut que Frank pose ces putains de lunettes sur son putain de nez. Ce que Frank refuse. Mais John insiste. Et ils commencent à se taper. D’abord à se pousser un peu, puis plus fort, puis un gnon par ci, un gnon par là, ils s’en mettent carrément plein la poire. Quand ils sont tout tuméfiés et qu’ils n’en peuvent plus, John demande à Frank de mettre les lunettes. Frank refuse et John insiste. Mais Frank refuse et John, qui insiste un peu trop, se reprend un coup de poing. Ou c’est le contraire, je ne sais plus. Bref, ils s’en remettent une deuxième couche dans la poire et, sans même attendre qu’elle soit sèche, une troisième pour bien faire. Frank est HS, à terre, et John ne vaut guère mieux. Il a tout de même la force de prendre les lunettes et de les poser sur le nez écrasé et saignant de son ami. Qui soudain voit ce qu’il aurait dû voir depuis deux plombes si, comme papy, il n’avait fait de la résistance. Frank voit les messages subliminaux des affiches publicitaires, les objets volants dans le ciel qui, sur leurs banderoles, demandent d’obéir ou de regarder la télé, et ces affreux aliens à têtes de mort qui communiquent entre eux en parlant à leurs montres.

they live obey
Voilà, j’avoue ne pas avoir revu récemment cette séquence d’anthologie et j’ai sans doute brodé certains détails, j’en ai forcément oublié d’autres mais l’idée y est. Que They Live est un grand film méconnu parce qu’il dit tout ce que l’Amérique ne veut pas qu’on dise sur elle. Y compris qu’on est obligé d’user de violence pour faire entrer une pensée intelligente dans la tête de quelqu’un. Et que John Carpenter est un très grand. Et, pour admettre cela, pas besoin de nous taper sur le nez.

Jean-Charles Lemeunier

they live panneaux

2 réflexions sur “John Carpenter : Le seigneur des saigneurs à Neuchâtel

  1. J’ai vu Dark Star il y a peu, c’est vraiment le film le plus barré de sa filmographie. La scène où le personnage surfe dans l’espace, c’est désespérant et magique à la fois.

  2. Pingback: « The Thing  de John Carpenter : insidious | «Le blog de la revue de cinéma Versus

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