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Si
Résistance est un prélude possible à Mad Max, The Rover, pour s’en tenir à la production australienne, peut être considéré comme le prolongement tout aussi valable de ces deux fictions. La société décrite par David Michöd n’est plus sur le point de basculer ou en train de basculer mais a bel et bien passée la ligne (jaune, rouge, blanche, comme il vous sied). Elle existe cependant encore, de manière résiduelle, comme un drap usé de plus en plus transparent : l’électricité fonctionne cahin-caha, l’argent a toujours court mais pas partout et uniquement le dollar US, l’on voit passer un long train de marchandises mais gardé par des gorilles en armes, mercenaires supplantant un résidu d’armée aussi utile qu’une bouée marine dans un désert de sel, et tout ce qui ressemble encore vaguement à un commerce est tenu par des gens enfouraillés, méfiants, la plupart sales. Tous ou presque sont quasi-faméliques, blafards malgré l’ensoleillement, comme sous-alimentés. Les agglomérations traversées ou entrevues sont soit abandonnées, en ruines, ou comme hantées par quelques habitants au comportement de malades à la dérive. Maisons, caravanes, personnes, tout ce que l’on voit à l’écran est rouillé, affichant comme une lèpre. C’est l’ère de la décrépitude fatale, de la survie, des premières heures sauvages de la barbarie, celle où l’on tue impunément et où sont laissés à pourrir des cadavres attachés à des poteaux télégraphiques.

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Extrapolation logique et assumée comme telle (confère les bonus du DVD) d’une société deshumanisante, égoïste, peureuse et s’auto-dévorant, ce futur flippant d’où ont disparus la technologie, la culture et les médias, montre une apocalypse lente dans laquelle le personnage principal, qui dira avoir été fermier mais se comporte comme un ancien militaire tireur d’élite, ne semble plus relié au monde que par sa voiture volée par des braqueurs aussi sanglants que pathétiques. L’homme va ainsi les traquer tout au long d’une œuvre contemplative traversée d’éclairs de brutalité,
road-movie crasseux excellemment filmé où les motivations de chacun sont creuses ou tristes. Le ton du film n’est pas sans évoquer The Proposition de John Hillcoat, autre perle australienne également dotée de la présence du très très grand Guy Pearce.

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Long-métrage d’un pessimisme terminal, cette hypothèse de fin des temps dit civilisés propose pourtant quelques protagonistes à l’épaisseur psychologique aussi certaine que la maigreur de la plupart d’entre eux. Taiseux au regard comme noyé dans la vision des étendues qu’il traverse en tueur impavide obsédé par la récupération de sa voiture (et ce non sans raison, comme la fin le démontre), le personnage principal récupère en cours de route un jeune homme blessé au regard d’animal domestique abandonné. Probablement un peu lent, cet encore presque gamin se réfugie dans quelques souvenirs du passé et, en faible, se recroqueville en position fœtale pour se reposer. Les deux hommes croiseront aussi brièvement une femme-médecin ayant comme elle le dit « appris à survivre sans argent », soignant sans demander de compensation, recueillant des chiens devenus sans maître.

Il n’en reste pas moins qu’au loin, quelque part dans les plaines, se préparent à débouler les fous du volant qui verront bien de quel bois est fait le guerrier de la route.

Laurent Hellebé

THE ROVER
Réalisateur : David Michôd
Scénario : David Michôd & Joel Edgerton
Interprètes : Guy Pearce, Tawanda Manyimo, Scott Perry, Robert Pattinson, Richard Green …
Photo : Natasha Braier
Montage : Peter Sciberas
Bande originale : Antony Partos
Origine : Australie/Etats-Unis
Durée : 1h43
Sortie : 4 juin 2014

 

Une réflexion sur “« The Rover » de David Michôd : Le sang des zéros

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