Véritable institution au Royaume-Uni, la série Doctor Who qui fête en 2013 ses cinquante années d’existence (record de longévité), aura mis un certain temps avant de percer enfin hors de sa contrée d’origine et fédérer un large fandom. Un véritable exploit réussi par la relance, et même on peut parler de dépoussiérage, de la série opéré en 2005 sous l’égide d’un fan de la première heure Russel T. Davies qui aura présidé au destin du plus célèbre voyageur spatio-temporel pendant quatre saisons pleines et cinq épisodes spéciaux venant conclure sa course en 2009.
Doctor Who, un titre intrigant désignant avec une certaine facétie un personnage qui se fait appeler seulement Le Docteur et qui immanquablement suscite la légitime interrogation, « doctor who ? ». Qui est-il justement, d’où vient-il, quels sont ses motivations ? Mais avant d’aborder en partie ces questions (car c’est dans l’aura de mystère entretenue entourant cet être venu d’ailleurs que réside son intérêt) et le retour triomphal du Docteur en 2005, un peu d’Histoire.
C’est Sydney Newman qui eut l’idée au début des années 60 d’une série de science-fiction à destination de la famille pour le compte de la chaîne BBC qui voulait redynamiser sa grille. Il sera aidé dans sa tâche par Donald Wilson alors responsable du département création et développement de la chaîne. Et n’oublions pas de créditer les scénaristes Anthony Coburn et David Whitaker ainsi que la première productrice du programme, Verity Lambert qui auront eux aussi apportés les premières pierres à l’édifice.
La S.F est un genre idéal pour allier fantaisie et critique sociétale, divertissement et réflexion. Le programme avait également pour but de développer une approche éducative en proposant au travers de ses épisodes de distiller informations historiques et scientifiques par l’intermédiaire de deux professeurs, d’histoire et de science, participant aux aventures du premier Docteur interprété par William Hartnell. Diffusé le 23 novembre 1963, soit au lendemain de l’assassinat de John Kennedy, le premier épisode remporta un franc succès ce qui permit de lancer la série sur de bons rails.
Une série dont l’ancrage populaire a pu se mesurer au fil des années par les multiples apparitions de personnages cultes dans diverses manifestations (convention, exposition, talk-shows…), la production de nombreux produits dérivés (romans, figurines, comics-books, mugs, T-shirt, etc), les références plus ou moins explicite dans d’autres œuvres de fictions (avec notamment l’ultime hommage de la série Community de Dan Harmon qui à l’intérieur de sa propre fiction a créé la série Inspector Spacetime regardée par deux de ses personnages) ou même s’en inspirant telles Code Quantum et Sliders.
Who’s who
Personnage excentrique, curieux de tout et avide d’exploration, le Docteur est en fait un extra-terrestre à forme humaine, plus précisément un Seigneur du Temps, sorte de race de gardiens temporels vivant sur la planète Gallifrey. Le Docteur s’est entiché de la Terre et de ses habitants et va les aider, autant que possible et tout au long de 26 saisons sans interruption (de 1963 à 1989), face à diverses menaces notamment extra-terrestres. Il est générallement accompagné dans ses aventures par un ou plusieurs partenaires ou compagnons, le plus souvent de compagnes…
Parmi le bestiaire constitué, il y a évidemment les emblématiques Daleks qui ne vivent que pour exterminer l’impureté de l’univers (soit tout ce qui n’est pas un Dalek !), les cybermen (des robots en fer blanc indestructibles), les soldats de glace, et d’autres réjouissantes créatures à tentacules ou faciès improbable. Parmi les ennemis « classiques » d’aspects moins monstrueux figurent Le Maître, un Seigneur du Temps renégat, le Valeyard, une incarnation future et ténébreuse de ce bon Docteur ou encore la Grande Intelligence, intangible de nature mais qui s’incarne dans le corps d’hôtes divers.
Le Docteur intervient également dans la destinée d’espèces non-humaines sur d’autres planètes et partagera donc ses aventures entre des contrées et époques exotiques et lointaines et la Grande-Bretagne. Un grand écart géographique et temporel permis par l’ingénieux vaisseau qui lui permet de se déplacer où et quand bon lui semble (même si la reprise par Davies apportera un petit bémol avec des trajectoires plus alléatoires…) et dénommé le T.A.R.D.I.S. Un acronyme qui signifie Time And Relative Dimension In Space (ou Temps A Relativité Dimensionnelle Inter Spatiale en français). Spécificités de ce moyen de transport, il est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur et a l’aspect d’une cabine téléphonique de police bleue. Pourquoi une telle apparence ? Tout simplement dans un but de camouflage pour passer inaperçu dans le décor londonien. Avec le tournevis sonique à tout faire du Docteur, le T.A.R.D.I.S est l’autre instrument indissociable du personnage, ceux qui le définissent immédiatement et qui ont rapidement été intégrés comme objets cultes et représentatifs.

Le célébrissime vaisseau spatial du Docteur, le T.A.R.D.I.S, vue de l’extérieur (l’intérieur est infiniment plus grand, merci la technologie des Seigneurs du Temps !).
Particularités des Seigneurs du Temps, ils ont deux cœurs et son quasiment immortels grâce à leur faculté de régénération. Une formidable trouvaille qui a permis la perpétuation du personnage tout en changeant d’interprètes afin de renouveler le show et l’intérêt des fans. En vingt six ans, sept acteurs se seront succédés. La série périclitera donc à l’orée des années 90, un âge moderne plus noir pour ce qui concerne la contre-culture (comics, jeux-vidéos, cinéma, séries) puisque les héros seront torturés par leur passé, leurs actions, voire même se mueront en anti-héros. Cela peut expliquer le désintérêt pour une série aussi positive que Doctor Who.
Une première tentative de relancer la série fut initiée en 1996 par le biais d’un téléfilm co-produit par la Fox et BBC avec un huitième interprète pour le Docteur (Paul MacGann). Mais si le succès fut au rendez-vous en Angleterre, il n’en fut pas de même aux Etats-Unis. Une situation qui contrecarra la reprise de la série. Et fit de McGann le plus éphémère des Docteurs (à l’image de George Lazenby, interprète le temps d’un seul film de l’autre idole populaire britannique, James Bond). Avec la relance réussie en 2005, ce sont depuis trois nouveaux docteurs qui sont apparus, portant à onze le nombre d’incarnations actuelles. Un nombre qui variera assurément avec l’épisode anniversaire The Day of the Doctor.

Toutes les incarnations connues du Docteur avec de gauche à droite : William Hartnell, Patrick Troughton, Jon Pertwee, Tom Baker, Peter Davison, Colin Baker, Sylvester McCoy, Paul McGann, Christopher Eccleston, David Tennant et Matt Smith
Régénération
Il faudra attendre neuf ans pour voir réapparaître le Docteur. Une nouvelle mouture que l’on doit à Russel T. Davies (Queer As Folk) et Julie Gardner qui vont chambouler les canons de la série tout en en préservant la continuité. Les changements sont d’abord d’ordre structurel puisque la production est délocalisée au Pays de Galles (à Cardiff, fief de Davies) et chaque saison comportera désormais treize épisodes de quarante cinq minutes au lieu du découpage traditionnel serialsesque d’épisodes de 25 minutes.
Grand fan de la série originelle, Davies se positionnera dans les traces des épisodes dits classiques en utilisant la capacité de la science-fiction à questionner notre ère contemporaine aux travers d’histoires de factures extraordinaires puisque l’on aura droit à une nouvelle menace extra-terrestre à diverses époques (lointain passé ou très lointain futur) chaque épisode. Ainsi seront abordés les médias et la désinformation ou le retraitement de l’info (saison 1 épisode 7 : The Long Game), la politique (justification fallacieuse d’une attaque – saison 1, épisodes 4 et 5 Aliens of London/World War Three ; les élections et les revirements stratégiques – saison 3, épisodes 12 et 13 : The Sound of Drums/Last of the Timelords), la téléréalité (épisode final de la saison 1, The Parting of the Ways), les allusions sexuelles (disséminées un peu partout), l’exploitation (saison 2, épisodes 8 et 9 : The Impossible Planet/The Satan Pit ; saison 4 épisode 3 : Planet of the Ood)…
Des questionnements en filigrane qui permettent de renforcer la trame narrative et intensifier les émotions générées. Car l’important est d’entraîner (entertaint) le téléspectateur dans la course folle de son héros et de ses compagnons, l’amuser, le faire frémir de joie, de tristesse, d’effroi. La série est ainsi portée par de fines plumes scénaristiques (Steven Moffat en tête dont Davies dit qu’il est le seul pour lequel il n’a jamais repris un de ses textes) et une mise en scène de plus en plus affinée. Bien sûr, la qualité d’écriture et/ou de réalisation est variable, certains épisodes étant en deçà mais globalement, difficile de pointer du doigt des épisodes exécrables, bons à jeter et oublier.
N’oublions pas de citer le compositeur Murray Gold, pièce tout aussi essentielle dans le succès rencontré par la relance de la série, ses thèmes et partitions participant pleinement à renforcer l’impact émotionnel des séquences.
Le nouveau showrunner a su renouveler la série en adaptant à sa vision des adversaires incontournables tels que les Daleks et les Cybermen, donner une nouvelle dimension tragique au personnage du Maître (John Simm, l’interprète, s’en donne à cœur joie), en parsemant ces intrigues de références à des éléments passés afin de cimenter ses récits (tout en se mettant les aficionados de la première heure dans la poche voyant son respect de la riche mythologie de la série), tout en introduisant de nouvelles menaces comme les Slitheens, la famille de sang, les Oods, les anges pleureurs, les automates, les Vashta Nerada, parmi les plus marquants.
Si Davies ne s’appuie pas systématiquement sur des cliffhangers pour conclure chaque épisode, l’intérêt et surtout l’envie de connaître la suite des aventures du Docteur repose sur un arc narratif s’étendant sur une saison entière avec un fil rouge directement ou non connecté. Ainsi, en saison une, c’est la récurrence des mots « Bad Wolf » (taggés, incrustés sur un écran, écrit dans une langue étrangère, etc) qui enflammeront les spéculations ; dans la saison 2, c’est la création de l’institut Torchwood qui prendra forme au fil des épisodes (pendant clandestin du Docteur et dont l’appellation est un anagramme de Doctor Who), jusqu’à devenir une série dérivée à part entière à l’issue ou en saison 4, l’évocation de disparitions de planètes prendra tout son terrible sens dans le double épisode final.
Visuellement, la série a fait d’énormes progrès depuis le 1er épisode de ce nouveau départ, les effets spéciaux de maquillage, d’incrustations ou d’animation ont ainsi un meilleur rendu. Mais si l’on passe facilement outre l’aspect caoutchouteux de certaines créatures ou le dénuement de certains décors, c’est parce que Davies a su insuffler une belle dynamique entre les personnages, et notamment entre les deux têtes d’affiche, Le Docteur et sa compagne. Le talent de Davies et son équipe de scénaristes repose sur la formation de remarquables interactions entre les protagonistes , des dialogues ciselés où l’humour affleure abondamment ainsi que les double-sens jubilatoires (vision en VO plus que recommandée !). Un humour souvent au mépris du danger (une forme de décompression) ou concomitant d’une menace, ce qui génère un mélange enivrant.

Premier épisode de la saison 1 de la relance de la série et première apparition d’un motif récurrent : la course effrénée du Docteur et de sa compagne du moment (ici Rose).
Dynamic duo
Tout recommence donc pour notre bon Docteur en 2005 lorsqu’il débarque à Londres pour sauver une jeune vendeuse, Rose, des griffes des Autons, des mannequins en plastique doués de vie et contrôlés par une forme de vie extra-terrestre, la conscience Nestene. Une première aventure décoiffante pour la jeune femme qui sera irrémédiablement attirée par cet étrange inconnu qui lui propose de voyager avec lui dans l’espace mais surtout à travers le temps. Un dernier argument décisif pour qu’elle l’accompagne. Si le danger auquel doivent faire face le Doc et Rose manque d’ampleur, le charme agit néanmoins de par la qualité de l’interprétation (ce qui n’était pas gagné pour Billie Piper qui s’était surtout distinguée en Angleterre par ses talents de chanteuse pop), le rythme et l’humour imprégnés mais surtout par les multiples allusions à un passé récent particulièrement funeste du Timelord qui nimbe alors cette nouvelle incarnation de mystère et d’une aura de mélancolie dramatique. On apprendra par la suite, et avec plus de détails dans le développement de la série version Davies, comment était la vie sur Gallifrey (dans des évocations grandiloquentes et idéalisées) et donc le déchirement provoqué par son anéantissement dans la Guerre du Temps qui opposa les Seigneurs du Temps aux Daleks. L’ombre de ce conflit à échelle cosmique étant d’autant plus pesante quand on sait que c’est le Docteur lui-même qui provoqua cette destruction totale, seul moyen pour mettre fin à un affrontement qui menaçait la trame de la réalité elle-même. Une révélation qui déteindra sur la personnalité du Docteur dont les actes seront aussi bien définis par son respect de toute forme de vie que par la recherche d’une certaine forme de rédemption. Et la douleur d’être le seul survivant de son peuple ne s’exprimera jamais aussi bien que dans la fin du diptyque The Empty Child/The Doctor Dances (épisodes 9 et 10 de la saison 1 que l’on doit à Steven Moffat) lorsqu’en renversant une situation désespérée il s’écriera avec bonheur que tout le monde vit. Ce qui dans le contexte de la seconde guerre mondiale de ce double épisode ramène à cette Guerre du Temps traumatisante où il n’aura pu sauver personne.

Le terrifiant gamin du double épisode The Empty Child/The Doctor Dances, épisodes 9 et 10 de la saison 1. Première incursion de Steven Moffat dans la série pour un résultat mémorable.
Chaque saison est structurée selon une trame spécifique prenant de l’ampleur pour terminer par le feu d’artifice final que constitue le double (voire triple pour la saison 3 !) épisode conclusif. Ainsi, la saison 1 est-elle avant tout marquée par la découverte, aux côtés de Rose, le référent du téléspectateur, des traits de caractères du Docteur nouvelle génération ainsi que son environnement et ses méthodes. On expérimentera avec elle les paradoxes temporels et la réécriture de l’histoire, et même si on est loin de la folie furieuse de motifs similiares créés par Moffat lorsqu’il sera aux commandes, Paul Cornell livre un bien beau scénario qui voit Rose tenter d’empêcher la mort de son père survenue lorsqu’elle était bébé dans l’épisode bien nommé Father’s Day. Davies s’y réemploiera dans la fin de saison 3 avec l’émergence du Maître ou encore avec le fantastique diptyque Silence in the Library/Forest of the Dead de la saison 4 (double épisode que l’on doit à l’inévitable Steven Moffat) mais le showrunner est plus intéressé par une continuité moins alambiquée. Ce qui ne veut pas dire que les enjeux et le traitement en sont simplifiés. Ainsi, l’attention du téléspectateur sera mise à l’épreuve par des éléments narratifs disséminés au long d’une saison, les effets dévastateurs d’une conjonction avec une réalité parallèle (saison 2, épisodes 5 et 6 Rise of the Cybermen/Age of Steel puis le final en deux parties, Army of Ghosts/Doomsday) et surtout, Davies s’intéressera aux conséquences de l’intervention du Docteur et de sa compagne, que cela concerne des épisodes d’une même saison (saison 1, épisode 7 The Long Game et épisodes 12 et 13 Bad Wolf/The Parting of the Ways, passant ainsi d’un contrôle de la population par une information retravaillée à un asservissement opéré par le biais de programmes de télé-réalité) ou de saisons différentes (saison 2 épisode 1 : New Earth et saison 3, épisode 3 Gridlock).
Une première saison plutôt bien négociée et il va déjà falloir gérer un changement de taille pour la suivante : un nouveau docteur ! Christopher Eccleston avait exprimé son intention de quitter le T.A.R.D.I.S à l’issue de cette saison inaugurale et c’est David Tennant qui reprend le flambeau en tant que dixième incarnation du Docteur (un des plus populaires auprès des fans avec Tom Baker, le quatrième Docteur).
Petite nouveauté supplémentaire, la saison 2 débutera avec un épisode spécial de Noël d’une durée d’une heure et que l’on peut considérer comme l’épisode zéro. Intitulé The Christmas Invasion, on y verra Rose devoir gérer le changement d’apparence du Docteur suite à sa régénération ainsi qu’une invasion des Sycorax. D’autant plus compliqué que le Seigneur du Temps sera sur le flanc une bonne partie de l’épisode le temps pour lui que son corps s’habitue à cette transformation.
Loin des yeux, loin des coeurs
Une deuxième saison qui sera rythmée par la constitution progressive de Torchwood, officine secrète gouvernementale créée pour palier à l’absence du Docteur puis carrément à sa capture et qui sera surtout marquée par le thème de l’absence justement. Cela touchera les proches de Rose (sa mère, Mickey ou son père d’un monde parallèle) mais également comment la présence puis la disparition du Docteur de la vie de ceux qu’ils croisent plus ou moins durablement va les influer. Le sublime The Girl in the Fireplace ( épisode 4 signé Moffat) voit madame de Pompadour transie d’amour pour le Docteur se languir de ses visites qui, du fait d’un écoulement temporel différent entre leurs deux espaces-temps, sont plus espacées de son point de vue. Une absence prolongée à ses côtés qui toucha également une de ses anciennes compagnes de l’époque classique, Sarah-Jane Smith. Dans School Reunion (épisode 3 signé Toby Whithouse), si elle est devenue une journaliste enquêtant sur la même affaire que le Docteur, Rose et Mickey, c’est inconsciemment dans l’espoir de recroiser sa route (Donna procèdera de la même manière en début de saison 4, enquêtant sur tous les phénomènes potentiellement inexpliqués et inexplicables qui pourraient inciter le Docteur à intervenir) afin de bénéficier d’adieux dignes de ce nom et laisser enfin aller le Docteur.
La ré-introduction de Sarah-Jane Smith permet en outre à Davies d’examiner et questionner le destin des compagnes régulières de l’homme dans la boîte bleue qui du fait de sa quasi immortalité seront un jour ou l’autre inéluctablement laissées en chemin. Par ses diverses manières d’appréhender ce sentiment de perte due à l’absence d’un être cher, la saison 2 prépare à la séparation avec Rose sans pour autant la rendre moins déchirante et traumatisante lorsqu’elle advient dans des conditions épiques où l’émotion est à son comble (double épisode final signé Davies).
Mais à peine le temps de sécher ses larmes que voilà le Docteur embarqué dans un mariage mouvementé, celui de Donna Noble (formidable Catherine Tate), dans le Christmas Special ouvrant la saison 3 et intitulé fort à propos The Runaway Bride. C’est aussi cela la patte Davies, une fuite permanente pour aller de l’avant et ne pas s’appesantir ou rester pétrifié par le ressentiment ou la tristesse.
A l’issue de ce special, Donna se montre particulièrement à son aise et son interaction avec le Docteur est détonante, ce qui en fait une candidate parfaite pour la succession de Rose dans le T.A.R.D.I.S mais ce n’est pas l’heure. Il faudra attendre la quatrième saison pour assister à sa réapparition rocambolesque. Pour l’instant, c’est Martha Jones (Freema Agyeman) l’heureuse élue. Etudiante en médecine, elle tombera sous le charme de cet homme venu d’ailleurs mais ce dernier restera insensible, la considérant seulement comme une amie, vu qu’il demeure meurtri par le départ brutal de sa blonde dulcinée (ce qui au passage est assez ironique puisque généralement, c’est lui qui s’en va précipitamment…). Dans cette saison 3, les motivations des ennemis du Docteur, qu’ils soient extra-terrestres ou non vont évoluer puisque désormais ce qui leur importe sera de survivre, de parvenir à perpétuer leur race, à se régénérer d’une certaine façon, mais au prix de pertes humaines intolérables pour le Docteur. Et si ce dernier tente à chaque fois de préserver toute forme de vie, il n’hésite pas à se montrer impitoyable envers ceux qui persisteraient sur la mauvaise voie. Cette saison sera l’occasion pour lui d’explorer sa part humaine (1er épisode Smith and Jones, les huitième et neuvième Human Nature/ Family of Blood, superbe diptyque signé par Paul Cornell où le Doc pour échapper à une famille de créatures dangereuses, enferme son esprit de Timelord dans une montre à gousset et vit en tant que simple professeur sous la surveillance de Martha), ce qui l’amènera forcément à se confronter à sa propre noirceur (on y reviendra). Une voie vers l’humanisation également explorée par les Daleks adeptes du culte de Skaro (Daleks in Manhattan/Evolution of the Daleks, respectivement épisodes 4 et 5) qui pour survivre envisagent l’hybridation avec les humains. Le véritable fil rouge de cette année réside dans la montée en puissance de Harold Saxon, candidat au poste de premier ministre anglais. Cela demeure en filigrane jusqu’à ce qu’il soit finalement élu et révèle ses véritables intentions et nature dans le triptyque final (Utopia/The Sound of Drums/Last of the Timelord). C’est en fait un autre Seigneur du Temps, en l’occurrence un adversaire classique appelé Le Maître. Son retour et surtout son statut d’autre survivant donnant alors une tournure puissamment dramatique à son affrontement avec le Docteur.

Le Docteur, Martha Jones et une infirmière de New Earth au chevet de Face de Boe (saison 3 épisode 3 : Gridlock)
Enfin la saison 4 voit le retour de Donna qui sera intronisée nouvelle compagne du Docteur après le départ de Martha Jones qui préfèrera rester auprès de sa famille. Et qui finira par rejoindre la force d’intervention U.N.I.T avant d’intégrer la nouvelle mouture de Torchwood dirigé par le capitaine Jack Harkness.
La dynamique Donna/Docteur est remarquable, donnant à leurs échanges une saveur incomparable car la nouvelle venue est une forte tête et n’hésite pas à remettre en place et parfois en cause le Docteur. Sans doute la saison la plus cohérente, celle où l’intrication des éléments narratifs est la plus forte et dont les implications dans le double épisode final (The Stolen Earth/Journey’s End) seront déterminantes. Le thème majeur de cette quatrième saison est l’oubli, se déclinant sous diverses formes mais entretenant toujours une remarquable dramaturgie qui vrillera le cœur lorsque la fin de parcours de Donna sera en jeu. Ainsi, on retiendra les superbes épisodes 8, 9 (Silence in the Library/Forest of the Dead), 10 (Midnight) et 11 (Turn Left : réécriture paradoxale de l’histoire si Donna était allée à droite au lieu de tourner à gauche le jour où elle retrouva le Docteur). Le final de la saison est un véritable feu d’artifices entre retours de personnages que l’on pensait ne plus revoir, plan incroyable des Daleks (enlever vingt-sept planètes pour augmenter la puissance d’un rayon de la mort devant détruire la réalité) et punchlines à gogo, la fusion Donna/Docteur est à ce titre incroyablement enthousiasmante
Mais la chanson du dixième Docteur ne touche pas encore à sa fin. Il devra affronter son destin à travers cinq épisodes spéciaux pour arriver à The End of Time, double épisode spécial écrit par Davies qui voit le retour du Maître et des Seigneurs du Temps qui ont réussi à déjouer le verrou temporel dans lequel le Docteur avait enfermé la Guerre du Temps pour qu’il n’y ait pas plus de dommages collatéraux. Une dernière virée sacrément chargée émotionnellement et orchestrée de main de maître par Russel T. Davies.

Donna et Le Docteur (de dos) face à une colonne de Oods, race extra-terrestre éminemment sensible (saison 4 épisode 3 : Planet of the Ood)
Si Moffat m’était conté
Un des scénaristes qui s’est particulièrement distingué pendant le run de Davies est sans conteste Steven Moffat (Jeckyl, Sherlock). Pas un hasard si c’est lu qui reprendra en main la destinée d Docteur à partir de la saison 5. Il n’aura pas signé quantité d’épisodes mais la qualité est irréprochables et font tous partie de ce qui s’est fait de mieux dans le renouveau du Docteur. Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’on retrouve au sein de ces six épisodes certaines des caractéristiques qui définiront son propre travail en tant que showrunner de la série. Entre The Empty Child, The Doctor Dances (saison 1), The Girl in the Fireplace (saison 2), Blink (saison 3) et Silence in the Library et Forest of the Dead (saison 4), on remarquera son intérêt pour le conte, les terreurs enfantines (recherche désespérée de sa mère perdue, monstres sous le lit, peur du noir, de ne plus voir la menace…) ainsi que la poésie et l’inventivité déstabilisante dont il fait preuve. Ses monstres ne sont pas ontologiquement mauvais mais pêchent par leur instinct et leurs motivations excessifs. De plus, Moffat aura créé quelques uns des protagonistes les plus iconiques de ce nouvel univers whosien, les automates, les Vashta Nerada, le capitaine Jack Harkness (John Barrowman) et surtout le professeur River Song (Alex Kingston). Quel grandiose personnage ! C’est une voyageuse temporelle qui croise la ligne de temps du Docteur qu’elle connaît très très bien mais ils ne se rencontrent jamais dans un ordre chronologique. C’est pour cela qu’elle tient un journal (de couleur bleue et dont la forme rappelle une certaine cabine téléphonique) afin de s’y retrouver. Et si c’est la première fois que le Docteur la voit dans Silence in the Library, il s’avèrera que ce sera la dernière pour elle. Un personnage mystérieux incroyablement charismatique qui est intrinsèquement lié au Docteur et à sa nouvelle mythologie. Une superbe manière d’attiser la curiosité et surtout l’intérêt pour sa reprise en main de la série puisque l’on se doute bien qu’elle réapparaîtra assez fréquemment par la suite.

LE personnage qui marquera comme jamais la série, le professeur River Song, créée par Steven Moffat et telle qu’elle apparaît la première (et dernière fois) dans le double épisode de la saison 4 Silence in the Library/Forest of the Dead.
Whodunit
Chaque épisode voit le Docteur et ses compagnons faire face à une nouvelle menace extra-terrestre. Mais avant de pouvoir la neutraliser, il faut la comprendre, savoir ce qu’elle désire, déterminer son mode de fonctionnement. Et surtout parvenir à la nommer. La définir par une appellation, une race ou son nom c’est déjà circonscrire le danger. Connaître son nom permet de ne plus se perdre en conjectures (les nombreuses théories édictées par le Docteur et parfois ses amis quand l’étrange apparaît) et pouvoir commencer à agir efficacement, pour le bien de tous, aussi bien des personnes visées que de l’engeance alien agissant fréquemment avec violence pour sa propre survie. Ainsi, le Docteur est homme de parole et de paroles. Le personnage tenant sa promesses de sauver ceux en danger ou éliminer ceux persistant dans leur malveillance, il déblatère constamment, jamais avare de digressions, de réflexions parfois alambiquées et/ou farfelues, de blagues. Il s’impose d’abord par le langage. Or, dès qu’il n’est plus maître de son mode d’expression comme dans Midnight (épisode 10 de la saison 3) où une entité ayant investit le corps d’une humaine reproduit la voix des occupants d’un transporteur spatial avec une telle perfection que petite à petit elle parvient à se synchroniser à eux. Jusqu’à parler par la voix empruntée avant même le principal intéressé. C’est ce qui arrive au Docteur qui perd le contrôle et de la situation et de lui-même. Dans le même ordre d’idée, la voix est le premier signe d’humanité ou du moins, si elle déraille ou répète inlassablement les mêmes mots c’est que quelquechose cloche et que la personne en question n’est pas ce qu’elle prétend être. C’est ainsi particulièrement frappant dans Silence in the Library/Forest of the Dead lorsque les cosmonautes de la mission dirigée par River Song sont dévorés un à un de l’intérieur de leur combinaison par les Vashta Nerada (sortes de piranhas intangibles apparaissant sous forme d’ombres) et qu’au moment de leur trépas, leur voix entendue via le système de communication reprend en boucle leur dernière phrase.
La voix du Docteur est faite avant tout pour rassurer son entourage ou effrayer par sa froide détermination ceux qui refuseraient se prescriptions. L’émergence de l’Ordre du Silence dans le run de Steven Moffat, dont l’objectif est de le faire taire, au propre comme au figuré, est ainsi particulièrement pertinente.
Attributs
Parmi les caractéristiques principales du Docteur figure bine entendu la régénération le rendant quasiment immortel. Du moins physiquement. Car si après cette renaissance c’est toujours le même Docteur dans un corps différent, sa personnalité est altérée, modifiée. Bien qu’intervenant dans la continuité, cette transformation corporelle s’apparente à la mort de version précédente.
Pour ses compagnes, le Docteur incarne une figure paternelle de substitution. Le père de Rose est mort alors qu’elle était bébé, celui de Martha a quitté la cellule familiale en divorçant de sa mère, Donna vit avec sa mère et son grand-père. Le Docteur offre ainsi protection, promet de prendre soin d’elles et les tient par la main dans un geste plus amical ou paternel qu’amoureux puisque leurs doigts ne s’entrecroisent pas (Rose sera l’exception) pour les entraîner à sa suite découvrir les merveilles de l’univers, traverser les obstacles ou courir face au danger.
Autre caractéristique déterminante du Docteur est la question de confiance.
Dans The Impossible Planet et The Satan Pit (épisodes 8 et 9 de la saison 2), le Docteur exprime la confiance, la foi qu’il éprouve envers Rose alors qu’habituellement c’est lui qui questionne la confiance des autres envers lui-même ou ses actions. Cette croyance absolue, cette confiance aveugle est sans doute la clé de l’existence du Docteur, de son incommensurable pouvoir. A de multiples reprises, lorsque la situation est désespérée et qu’il ne semble pas avoir de plan pour en réchapper, il exhorte ceux qu’il côtoie à avoir confiance en lui. Et c’est l’expression de cette foi qui semble alors l’animer d’une nouvelle énergie.
Personnage quasiment mythologique, à l’instar du Père Noël ou des Dieux antiques, sa concrétisation est intrinsèquement liée à la croyance en son existence (Moffat l’établira encore plus explicitement à partir de la saison 5). Dans le final de la saison 3, le Docteur retrouve son pouvoir (il a prématurément été vieilli par le Maître) grâce à la foi en lui réactivée par Martha Jones auprès de tous les humains rencontrés durant son périple d’une année à parcourir la planète en racontant les exploits du Timelord (encore une fois, importance du langage). Ainsi, c’est l’incantation proférée par ces innombrables voix appelant le Docteur qui lui permet de recouvrer toute sa puissance et terrasser l’autre Seigneur du Temps survivant.
Le Docteur est aussi un tentateur. Après avoir secouru des demoiselles en détresse, et pour peu qu’elle fasse preuve dans l’action de capacités de réflexion, de curiosité et de courage, il leur demande immanquablement si elles ne veulent pas l’accompagner dans ses voyages. Qui ne serait pas tenté par la possibilité de traverser l’espace et le temps pour découvrir ce qui est habituellement impossible d’accès à l’entendement ? Leurs présences lui permet de combler une solitude néfaste pour son bien-être car isolé dans son T.A.R.D.I.S, il a tendance à se renfermer et devenir plus taciturne que jamais. Ses divers compagnons sont aussi là pour questionner ses choix et le tempérer.

Les principaux compagnons du Docteur durant la reprise par Davies avec de gauche à droite : Sarah Jane Smith, Mickey (petit ami de Rose), la mère de Rose, Rose, Martha Jones, Donna Noble et le capitaine Jack Harkness
Compagnes
Première des compagnes qui vont par la suite défiler dans le T.A.R.D.I.S, Rose est d’un naturel pétillant et curieux, très maligne et compatissante. Elle est aussi celle qui va apaiser la colère du dernier des Seigneurs du Temps en insufflant sur ses décisions parfois radicales une compassion toute humaine, amenant progressivement ce dernier à accepter les conséquences de la Guerre du Temps et son statut d’unique survivant. Elle lui permettra de retrouver une certaine joie de vivre (il se met à danser en fin de l’épisode The Doctor Dances). Ses voyages dans le T.A.R.D.I.S à ses côtés vont la changer profondément. Une transformation physique va même se réaliser lorsque pour sauver le Docteur ainsi que l’espèce humaine et toute la création, elle regardera dans l’âme du T.A.R.D.I.S et inversement, ce qui aura pour effet de la transmuter en une créature surpuissante investie du pouvoir cosmique du vaisseau (ce qui à bien des égards la fait ressembler à une version du Phénix Jean Grey des X-Men). Mais elle saura démontrer tout son courage et son sens du sacrifice sans avoir recours à une entité quelconque lorsqu’en fin de saison 2 elle referme le portail inter-dimensionnel.
Martha Jones est à l’opposé de l’aventureuse Rose, pas simplement dans leur comportement mais également dans leurs motivations respectives. Pour Rose, devenir la compagne du Docteur est une façon de combler le vide de sa vie terne et ennuyeuse tournant autour de sa mère et de son petit ami Mickey. Tandis que Martha suit le Docteur parce ce que c’est une forme d’échappatoire temporaire à sa vie compliquée (elle doit gérer les conflits familiaux de front avec ses études de médecine). Comme Rose, elle gagnera la confiance du Docteur et aura l’occasion de briller dans le final en étant l’élément décisif pour la sauvegarde de la planète et même plus. Donna aussi bien sûr aura son heure de gloire en entrant littéralement en symbiose avec le Docteur. Une fin de parcours qui est une réminiscence du moment où Rose est investi d’incommensurables pouvoirs en fin de saison une. Ou quand une simple secrétaire intérimaire devient pendant un instant mémorable la femme la plus importante de l’univers…
Donna est la compagne la plus âgée, celle qui au final aura le plus chahuté le Doc pour former avec lui un duo désopilant se jouant des multiples allusions à une romance qui les unirait. Sans doute la compagne la plus immédiatement compatible à accepter de parcourir l’univers dans cette étrange cabine bleue car elle était abondamment sensibilisée aux mystères stellaires par son grand-père Wilfred qui scrutait avec acharnement le ciel au moyen de son télescope avec l’espoir de voir apparaître une forme de vie extra-terrestre.
Des compagnes aux personnalités différentes et affirmées, ce qui rend leurs rencontres foncièrement explosives (défiance, méfiance, jalousie).
Si la fréquentation durable du Docteur change ses compagnons (notamment dans leur appréhension de l’univers ou des univers qui les entoure), inversement celui-ci change également à leur contact.
Human nature
Il s’humanise. Une humanisation progressive et parfaitement développée et nuancée par Davies au long de ses quatre saisons. Un principe énoncé dans l’épisode 6 de la première saison (Dalek) de manière détourné lorsque le toucher de Rose sur la cuirasse du Dalek emprisonné par un collectionneur américain s’anime et plus tard s’ouvrira à des émotions inconnues pour sa race exterminatrice. Le Docteur a de tout temps montré son intérêt et sa fascination pour l’espèce humaine, la protégeant du mieux qu’il peut, et a toujours exprimé une grande sensibilité. Mais la Guerre du Temps l’a irrémédiablement changé et l’adjonction de compagnons de route s’avère nécessaire pour ne pas sombrer.
Dans les épisodes Human Nature/Family of Blood de la saison 3, il tente d’échapper à un trio d’E.T en se délestant de ses pouvoirs pour vivre comme un humain et exercera le métier de professeur dans un institut anglais avant la première guerre mondiale. Seulement les réminiscences de sa vie en tant que Seigneur du Temps viendront le hanter dans ses rêves qu’il consignera dans un carnet. Des souvenirs que l’humain qu’il est devenu aura du mal à appréhender et sera même effrayé par cet être que Martha lui révèle être lui-même. Un double épisode magnifique signé Paul Cornell qui traite avec subtilité et émotion de l’ambigüité du voyageur spacio-temporel, questionnant ce que représente être humain et le sacrifice d’une part d’humanité même pour le bien commun.
L’heure du départ
Enthousiaste, curieux de tout, cherchant toujours à dénouer une situation inextricable par la Raison et pas par les armes qu’il exècre, doté d’une capacité d’émerveillement remarquable compte-tenue qu’en plus de 900 ans d’existence il a pu voir et assister à d’innombrables merveilles et miracles, il n’en demeure pas moins que le Docteur n’est pas parfait. Comme tout le monde il possède une part d’ombre avec laquelle il doit composer. Une noirceur évoquée par sa participation à la Guerre du Temps en tant que maître d’œuvre de son terme définitif (sa « fille » Jenny dans The Doctor’s Daughter en saison 4 lui renverra à la figure ses qualités de chef de guerre quand il lui reprochera son appétence pour le combat) qui s’illustre notamment lorsqu’il punit la famille d’extra-terrestre de Human Nature. S’il se cachait d’eux ce n’était pas parce qu’il en avait peur mais bien pour les sauvegarder eux de son courroux. Et les châtiments qu’il leur inflige sont pour le moins glaçants.
Au comble de la désolation suite aux pertes subies, le Docteur peut se montre impitoyable et véhément. Une forme d’illustration de cet état d’esprit est la manière dont il est représenté le visage fermé et courroucé, filmé en légère contre-plongée au milieu de flammes tel une figure quasi méphistophélique : le Christmas Special ouvrant la saison 3 (The Runaway Bride), celui ouvrant la saison 4 (Voyage of the Damned) où Davies s’amuse par ailleurs à le faire s’envoler aux bras d’anges mécaniques ou le Special de 2009 The Water of Mars.
Dans ce dernier, il ne succombe pas à la colère mais à l’insidieuse jouissance de son pouvoir d’interférer sur le temps et ainsi réécrire l’Histoire. En intervenant pour sauver la capitaine Adelaïde Brooke et une partie de son équipage, il outrepasse ses droits. Certes, il y avait eu un précédent dans l’épisode 2 de la saison 4 (The Fires of Pompei) lorsqu’il sauva une famille romaine de l’éruption fatale du Vésuve mais le point fixe de l’Histoire, la destruction de Pompei et la mort de (presque tous) ses habitants, demeurait intact. Or, ici, il modifie en profondeur le point fixe constitué par la mort d’Adélaïde Brooke et l’inspiration qu’elle génèrera pour sa petite-fille et l’exploration des étoiles par l’humanité. Pêchant par excès, il se rapproche de ce que les Seigneurs du Temps étaient devenus sur la fin de la Guerre du temps.
Il est allé trop loin et le diptyque concluant la série des épisodes spéciaux de 2009, The End of Time, le verra affronter son destin et sa disparition inéluctable au terme d’une ultime aventure qui lui aura permis de sauver une dernière fois l’univers (combattant conjointement un double retour, celui du Maître et des Seigneurs du Temps).

Le 10ème Docteur sur le point de se régénérer et de laisser sa place, à la fin de l’épisode special End Of Time, à sa 11ème incarnation interprétée par Matt Smith
Comme il le dira lui-même dans les derniers instants émouvants de cet épisode, il a sans doute vécu trop longtemps. Et peut être qu’il était devenu trop humain pour pouvoir continuer à assurer sa mission de protecteur (malgré la régénération, la prophétie et la perspective de sa mort prochaine le mettent dans tous ses états). Et ce n’est pas sans un pincement au cœur et quelques larmes que nous assistons aux derniers instants du dixième Docteur qui après sa tournée d’adieux s’enfermera dans son T.A.R.D.I.S et au son du chant magnifique des Oods procèdera à sa régénération et laisser sa place à sa onzième incarnation interprétée par Matt Smith. Le Docteur (de Russel T. Davies) est mort, vive le Docteur (de Steven Moffat).
Géronimo !!
Nicolas Zugasti
Doctor Who – saisons 1 à 4 + épisodes spéciaux
Scénario: Russell T.Davies, Steven Moffat, Paul Cornell, Gareth Roberts, Helen Raynor, Stephen Greenhorn, Chris Chibnall, Robert Shearman, Toby Whithouse, Tom MacRae, Matt Jones, Matthew Graham, , James Moran, Keith Temple, Phil Ford
Réalisation : Euros Lyn, Charles Palmer, Richard Clarke, James Strong, Hettie McDonald, Graeme Harper, Colin Teague, Joe Ahearne, Keith Boak, Brian Grant, Douglas Mackinnon, Andy Goddard
Compositeur : Murray Gold
Interprètes: Christopher Eccleston, Billi Piper, David Tennant, Freema Agyeman, Catherine Tate, John Barrowman, John Simm, Derek Jacobi…
Origine: Royaume-Uni
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