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Après sa présentation au festival Lumière de Lyon, en octobre dernier, Bushman arrive enfin dans les salles de cinéma ce 24 avril, jusque là inédit et porté par Malavida Films. 

Immédiatement, le sujet fait penser à Voltaire et à son Ingénu. Lisons le résumé donné par wikipédia : « Voltaire y raconte les aventures d’un Huron (« l’Ingénu ») qui, arrivé en France, regarde la vie française avec candeur, innocence et naïveté. Il est engagé dans une histoire d’amour et se trouve confronté à de multiples difficultés face aux pouvoirs religieux et tyranniques du siècle de Louis XIV. »

© Malavida

De quoi parle Bushman ? Fuyant la guerre civile qui ravage son pays, un étudiant nigérian débarque à San Francisco en 1968, dans une Amérique qui vient d’être traumatisée par les assassinats de Martin Luther King (le 4 avril 1968) et de Robert Kennedy (le 6 juin 1968). Il marche pieds nus le long des routes, une chaussure sur la tête, se promène en ville, fait de nombreuses rencontres, passe des nuits avec des femmes, pose un regard naïf sur l’Amérique et raconte aussi ce qu’il vivait chez lui. Une excellente raison, à la manière du Huron de Voltaire, d’interroger la société de l’époque.

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David Schickele, le réalisateur de Bushman, est un musicien américain qui a enseigné l’anglais au Nigeria au sein des Peace Corps, un programme international d’aide au développement mis en place par JFK. Il en tira d’ailleurs un film en 1966, Give Me a Riddle

© Malavida

Avec Bushman, qu’il commence en 1969 et achève en 1971 — primé à Chicago, le film n’est finalement sorti ni aux États-Unis ni en France —, Schickele mélange les styles. Des séquences jouées alternent avec des plans fixes au cours desquels le héros, joué par le charismatique Paul Eyam Nzie Okpokam, donne ses impressions. Cette liberté que cherchaient les hippies, le cinéaste la trouve ici en variant les styles et en filmant son sujet avec beaucoup de poésie, sans s’abstraire des contradictions de son pays.

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Portrait d’un homme attachant, d’une nation multiethnique, d’une époque, Bushman change soudain de cap sans qu’on puisse déflorer quoi que ce soit. Imaginez-vous un uppercut qui vous laisse sonné. « Cinéma total » ainsi que le définit le cinéaste Robert Guédiguian, ce film n’a pas fini de vous hanter.

Jean-Charles Lemeunier

« Bushman » de David Schickele, sortie en salles par Malavida Films le 24 avril 2024.

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