Il y a deux ans, Ridley Scott venait présenter à Cannes son Robin des bois et en repartait fâché après les sifflets de certains spectateurs. Résultat : pas de Prometheus cette année sur la Croisette, même hors-compétition, alors que le film est prêt – puisqu’il sort en salle d’ici peu. Et au vu de la réception du nouveau film de John Hillcoat, Lawless, il y a fort à parier que cet excellent cinéaste refusera désormais toute invitation cannoise. Il faut dire que voir à l’écran des testicules arrachés, des hommes égorgés, des malfaiteurs passés au goudron et à la plume a de quoi choquer le critique parisien lambda, peu habitué à ce cinéma de genre – et, qui sait, entrevoyant dans ces scènes une quelconque apologie de la violence !
Spécialiste des mondes en décomposition, proches de leur crépuscule, John Hillcoat raconte dans Lawless le parcours de trois frères dans l’Amérique de l’après-krach boursier de 1929. En Virginie, Etat célèbre pour sa production d’alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires. Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite affaire familiale en trafic d’envergure et rêve d’épouser la sublime Bertha Howard ; l’aîné est le bagarreur de la famille et se bat avec un problème d’alcool ; Forrest, le cadet, fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille. Lorsque Maggie débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection. Seuls contre une police corrompue, une justice arbitraire et expéditive ainsi que des gangsters rivaux, les trois frères feront tout pour rester sur leur propre chemin pendant ces temps de chaos et de désordre moral.
Scénario et musique de Nick Cave, casting impressionnant (Shia LaBeouf, Tom Hardy, Jason Clarke, Jessica Chastain, Guy Pearce), histoire de gangsters située vers la fin de la prohibition dans le sud des États-Unis, Lawless promettait d’être l’un des grands moments du Festival. Reconstitution parfaite du sud profond des années 30 magnifiée par les sublimes forêts de la Virginie, portée par des dialogues utilisant souvent l’humour pour dégonfler les tensions inhérentes à ce type de sujet, sublimée par l’interprétation de ses comédiens (à l’exception de Shia LaBeouf, point faible du film et décidément peu à l’aise en face de comédiens chevronnés) Des Hommes sans loi, en français, est un film d’action certes classique mais terriblement efficace, dont le seul tort aura été finalement d’accepter de concourir en compétition à Cannes. Trop violent, trop mainstream pour la plupart des festivaliers, il devrait sûrement, si John Hillcoat accepte de revoir son montage avant sa sortie définitive en salles, devenir un classique du genre.
Fabrice Simon
Lawless (Des Hommes sans loi, titre v.f) de John Hillcoat sortira en salles le 12 septembre 2012.
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