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Tout commence par le conte de Barbe-Bleue que lit une jeune femme dans un hôpital. Pourtant, une fois n’est pas coutume, le plan initial de Cure (1997), un des premiers coups de maître de Kiyoshi Kurosawa reconnus en France, ne va pas résumer le film. Mais donner des indications, certainement, en se cassant quelque peu la tête.

C’est par Cure que le public français découvre un cinéaste d’envergure, dont les films suivants, Charisma (1999) et Kaïro (2001), ne feront que confirmer cette première excellente impression.

Film japonais totalement maîtrisé et qu’on est ravi de redécouvrir en DVD et, pour la première fois, en Blu-ray grâce à Carlotta, Cure peut se révéler ardu, tant certains de ses éléments échappent à un public occidental. Cette enquête policière et métaphysique est conduite par un acteur au charisme impeccable. Koji Yakusho a d’ailleurs partagé sa carrière avec les plus grands : Kiyoshi Kurosawa, qu’il retrouvera plusieurs fois, Shohei Imamura, Kon Ichikawa, Takashi Miike et bien d’autres encore.


Pour un film policier, le moins que l’on puisse dire est que le scénario est étrange. Des crimes sont commis dont le coupable est à chaque fois arrêté. L’inspecteur chargé de l’enquête comprend vite qu’il existe autre chose derrière tout cela. On n’est pas loin de Jacques Prévert et de ses « choses cachées derrière les choses ». Dans Cure, le mystère est omniprésent et la poésie aussi.

Dans le bonus, le spécialiste du cinéma asiatique Stéphane Du Mesnildot évoque ces fameux fantômes japonais qui semblent flotter sur le film. Le dialogue de Cure rappelle que toute cette affaire policière peut être « un coup du démon » et, plus loin, il est question de « l’envoûtement de l’âme ». Les rationnels préfèreront évoquer la folie, représentée à l’image par toute cette eau qui coule, de la pluie à un verre renversé, et ces changements de couleurs. Quel beau plan sur cette plage déserte (encore l’eau). Kurosawa — qui n’a aucun lien avec Akira — filme le passage des nuages et les changements de lumière sur le paysage. Car la lumière est l’un des autres éléments-clefs de Cure. De celle d’un briquet au jeu des éclairages qui se modifient dans une pièce au cours d’une même séquence.



Ces mystérieux crimes que le policier prend tellement à cœur, au point de délaisser sa femme souffrante, l’enserrent de plus en plus, comme un étau. Fantômes ou malades mentaux, les personnages de Cure sont chancelants, prêts à basculer. Un seul semble stable et c’est celui qui n’a plus aucun point de repère, aucun souvenir.

Cure ressemble à un passage : vers une autre culture, un autre monde, une autre réalité que ce décor urbain qui bétonne le paysage et les mentalités.

Jean-Charles Lemeunier

Cure

Année : 1997

Origine : Japon

Réal. Et scén. : Kiyoshi Kurosawa

Photo : Tokusho Kikumura

Musique : Gary Ashiya

Montage : Kan Suzuki

Durée : 111 min

Avec Koji Yakusho, Masato Hagiwara, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa…

Sortie en DVD-Blu-ray par Carlotta Films, dans un nouveau master restauré haute définition, le 28 juillet 2021.

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