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Prévue à Lyon par l’Institut Lumière, la grande rétrospective consacrée à Oliver Stone, qui devait se tenir du 4 février au 7 avril, fut annulée pour cause de pandémie. C’est donc tout naturellement que le cinéaste a accepté de venir au festival Lumière ce 11 octobre pour une discussion avec Thierry Frémaux, directeur du festival, avant la projection de Né un 4 juillet à l’auditorium de Lyon.

Bien évidemment, les premières questions posées concernaient la bien nommée À la recherche de la lumière, l’autobiographie qui vient d’être traduite en français aux éditions de l’Observatoire. « Le mensonge, déclare immédiatement Oliver Stone en français, est un mensonge qui tombe en divorce. » Puis il continuera en anglais, traduit par Didier Allouch.

Le pourquoi de ces mémoires ? « Quand on fait un film, tout va très vite, on n’a pas le temps d’apprécier ce que l’on fait. J’ai voulu revenir sur mes premières années pour mieux apprécier. » À la recherche de la lumière évoque tout à la fois le temps des galères, l’écriture des scénarios de Midnight Express, L’année du dragon ou Scarface et les premiers succès avec Platoon et Né un 4 juillet.

« Je voulais parler des échecs et des succès. On apprend énormément des échecs. » Il explique encore qu’après Yale, où il eut pour condisciple un certain George W. Bush, il étudia le cinéma à l’université de New York : « J’ai toujours été attiré par l’auteur, le scénariste, et des écrivains comme Balzac, Dickens. Ils étaient importants pour moi. Jusqu’à mes 15 ans, j’ai été un enfant gâté. Tout s’est écroulé avec le divorce de mes parents. Je croyais être d’une classe moyenne aisée et je me suis rendu compte, après ce divorce, que mon père était fauché. Il y eut l’assassinat de JFK un an après, puis le Vietnam. Ces trois mensonges marquent fondamentalement mon histoire. »

Sur son âge, il annonce qu’il est le même que celui de Trump, Clinton et Bush. « Aucun des trois n’a fait le Vietnam, ni résisté ni même protesté. Ils ont échappé à ça. Bush a même menti sur son passé militaire. Aujourd’hui, je suis une conscience pour le pays. » Les tensions entre noirs et blancs, explique-t-il encore, sont aujourd’hui les mêmes qu’au temps de l’assassinat de Martin Luther King. « Une époque, ajoute-t-il, où les noirs étaient obligés de partir au Vietnam. » Il critique, c’est une évidence pour un public français, les politiques de George W. Bush — à qui il a consacré le film W. — et de Donald Trump mais aussi celle de Barack Obama. « Il était un beau parleur mais il n’a pas fait grand chose non plus. »

En préambule de la discussion, Thierry Frémaux a fait projeter une ancienne interview du cinéaste, dans laquelle Stone remarquait que des films tels que Retour vers le futur, pour amusants qu’ils étaient, ne faisaient aucunement réfléchir l’adolescent américain. Pour cette raison, dès ses débuts, Oliver Stone a choisi tant pour ses scénarios que ses réalisations, des sujets politiques, souvent durs, parlant des travers de notre société. Il reste malgré tout une certaine dose d’optimiste chez lui. N’affirme-t-il pas, en conclusion : « Le personnage de Tom Cruise dans Né un 4 juillet existe toujours. Il continue à se battre mais est heureux, en paix. Une seule balle peut provoquer une tragédie qui va changer la vie. »

Cet homme, Ron Kovic, qui a le même âge qu’Oliver Stone, est devenu aujourd’hui un militant pacifiste reconnu. Mais les mots que vient de prononcer le réalisateur pourraient tout aussi bien parler de lui-même.

Jean-Charles Lemeunier

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