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Le festival de Gérardmer version 2015 débute sous les meilleurs auspices puisque depuis sept éditions le film d’ouverture est très bon. Ex-Machina est le premier film d’Alex Garland reconnu jusqu’ici pour ses scénario notamment des films de Danny Boyle (on lui doit ceux de 28 Jours plus tard ou Sunshine). Sous la houlette du producteur de Boyle justement, il passe derrière la caméra pour une première réalisation maîtrisée au propos ambitieux. Un jeune programmeur gagne à la loterie de son entreprise le droit de passer une semaine dans la demeure retirée de son patron. Pas pour passer du bon temps dans des fêtes orgiaques mais afin de participer à un projet beaucoup plus sérieux. Il est chargé d’évaluer l’intelligence artificielle conçue par son boss en passant du temps à discuter mais surtout inter-agir avec Ava, le cyborg à visage humain confiné dans une pièce du sous-sol. Ceci afin de déterminer si elle a pu développer une conscience propre et ne pas feindre ou agir par pur mimétisme.
Maximisant son budget en privilégiant l’unité de lieu, l’essentiel de l’action se déroule dans la résidence étendue de son boss, Garland va questionner l’humanité, la conscience de chacun des trois protagonistes principaux, Nathan le créateur, Caleb le testeur, et Ava l’objet de toutes les attentions.
Pas d’esbroufe de la mise en scène mais s’instaure un véritable jeu scénique entre les comportements et la place occupée dans le cadre. Les rapports sociaux se voient ainsi illustrés à mesure de leur variations par des changements dans les rapports d’échelle lorsqu’il s’agit de cadrer ses personnages.

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Lors de leurs discussions, Caleb et Ava sont isolés chacun de leur côté par des parois de verre, emprisonnés par Nathan bien que Caleb dispose d’une plus grande liberté de mouvement en tout cas d’observation puisqu’il peut contempler Ava lorsqu’elle « dort » par le biais de caméras. Alors que les caractères sont parfaitement définis au départ, la délimitation devient de plus en plus indistincte quant à la nature véritable de chacun. Ava exprime des sentiments très (trop ?) humains quand Caleb intellectualise beaucoup plus lorsqu’il rend compte à Nathan de l’avancée de ses observations. De même, Caleb par sa retenue envers son patron, le recul pris envers les réactions d’Ava semble presque le plus artificiel. Garland s’amusant à accentuer l’indistinction entre humain et robot par l’inexpressivité de Caleb et la manière de montrer Ava retirer ses vêtements en contre-jour rendant imperceptibles toutes les parties cybernétiques habituellement visibles de son corps. De la même manière, les sentiments naissants se voient-ils questionnés. Sont-ils sincères ou instrumentalisés ?
Cadres soignés, huis-clos oeuvrant entre latences et domination psychologique, Garland creuse ingénieusement le rapport à l’altérité pour faire vaciller l’empathie ressentie. En outre, le nom de la créature robotique, Ava dont la consonance renvoie à Eve, et le fait que l’action, l’expérience même, se déroule sur sept jours, laissent augurer d’une potentielle nouvelle ère. Reste à déterminer si elle se déploiera en bonne harmonie ou au détriment de l’autre.

Nicolas Zugasti

 

EX-MACHINA
Réalisateur : Alex Garland
Scénario : Alex Garland
Interprètes : Alicia Vikander, Domhnall Gleeson, Oscar Isaac, Chelsea Li …
Photo : Rob Hardy
Montage : Mark Day
Bande originale : Geoff Barrow & Ben Salisbury
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h48
Sortie française : 27 mai 2015

 

 

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