Palmarès personnel des films en compétition, établi après avoir vu 15 des 20 films de la sélection :
Palme d’Or : Drive, de Nicolas Winding Refn (Etats-Unis)
Grand Prix : La Piel que habito, de Pedro Almodovar (Espagne)
Prix du Jury : L’apollonide – souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello (France)
Prix de la Mise en scène : Le gamin au vélo, de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Belgique)
Prix du Scénario : Polisse, de Maïwenn (France)
Prix d’Interprétation Masculine : Jasper Newell (We need to talk about Kevin)
Prix d’Interprétation Féminine : prix collectif (L’apollonide – souvenir de la maison close)
Caméra d’Or : Les Crimes de Snowtown de Justin Kurzel (Australie), faute de mieux…
TOP 5 du Festival de Cannes (toutes compétitions confondues) :
# 1 : DRIVE de Nicolas Winding Refn (Etats-Unis / En compétition)
Je reviens de loin… Refn était, pour moi, catalogué cinéaste fanfaron et m’as-tu-vu depuis Bronson (2009) puis déjà plus intriguant avec Le Guerrier silencieux (2010). Drive l’assoit définitivement chez les grands. A l’image de son héros monolithique refusant sa propre violence, le film se déploie dans dans un charmant entre-deux, à la fois caressant et rageur, jusqu’à placer le spectateur dans un état de transe que ses musiques (formidables !) prolongeront encore.
# 2 : LA PIEL QUE HABITO de Pedro Almodovar (Espagne / En compétition)
Un chirurgien crée une peau synthétique pour l’une de ses patientes. Entre surface et profondeur, Almodovar soulève la peau et révèle la vraie chair de son film : sous l’apparence d’un thriller déjà remarquable se dévoile à coups de flashbacks un pur mélo. Toujours sur le fil du rasoir, La piel que habito finit par émouvoir… profondément.
# 3 : L’APOLLONIDE – souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello (France / En compétition)
Alors que je venais à Cannes pour Takashi Miike, Naomi Kawase, Terrence Malick et quelques autres de mes cinéastes fétiches, leurs nouveaux films me déçurent tous (à différent degrés). Comme Refn, un autre réalisateur que j’abhorrais par le passé m’enchante cette année : avec son Apollonide, Bertrand Bonello a fait fort. Touchant et envoutant, son film se veut aussi passionnant en seconde lecture lorsque l’auteur évoque l’irréalité de son univers à l’aide de subtiles allégories sur la fiction et sur l’art de simuler.
# 4 : PLAY de Ruben Östlund (Suède / Quinzaine des réalisateurs)
S’il avait été en Compétition, Play aurait été le film-scandale de Cannes 2011. L’auteur part d’un fait divers : le « vol » presque consenti d’un téléphone portable appartenant à un enfant blanc par cinq garçons noirs. Passionnant dans sa rhétorique, évoquant la dialectique comme arme suprême au cœur d’un monde de contradictions idéologiques et sociologiques, Play est aussi une bombe d’un point de vue formel ! Tourné uniquement en plan fixes, les mouvements furent crées en post-production et dévoilent le plus souvent dans ses recoins quelques clés essentielles pour comprendre pleinement son récit.
# 5 : WALK AWAY, RENEE de Jonathan Caouette (Etats-Unis / Semaine Internationale de la Critique)
Jean-Christophe Berjon, directeur de la Semaine de la Critique puis Leo Soesanto, l’un de ses sélectionneurs, ont chacun leur tour préciser lors de la projection que Walk away, Renée n’était pas un « Tarnation 2 ». Et pourtant… Caouette réutilise ses rushes de home-movies et autres photos d’enfance dans ce nouveau film, qui se rapproche toutefois bien plus d’une stricte fiction. Et même de la science-fiction. C’est dans ces instants que son récit devient captivant, lorsque Caouette imagine pour lui et sa mère d’autres mondes pour tenter d’y trouver la plénitude qui les fuit depuis toujours.
Hendy Bicaise