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En voilà un cinéma qui a fait son temps : celui de l’heroic fantasy du début des années quatre-vingt, époque d’Excalibur (1981), Conan le Barbare (1982) et autre Épée sauvage (1982), tellement catapultées dans des oubliettes médiévales depuis Le Seigneur des anneaux, Game of Thrones ou Shannara Chronicles.

C’est donc d’un regard bienveillant que l’on va visionner cette Épée sauvage (The Sword and the Sorcerer) d’Albert Pyun que Carlotta sort pour la première fois en 4K UHD et en Blu-ray ce 4 avril. Premier film de ce jeune cinéaste natif de Hawaï et qui connut de nombreuses difficultés lors de son passage dans les studios hollywoodiens, L’Épée sauvage recueillit un très grand succès populaire lors de sa sortie et le film est devenu culte. Proposée en bonus, l’interview d’Albert Pyun est en ce sens passionnante : il y raconte dans le détail toutes les tracasseries qu’il eut à surmonter pour mener à bien son projet et, le succès venant, comment il fut confronté au racisme des producteurs qu’il rencontrait, lui qui avait des traits asiatiques. Ce vieux bonhomme édenté, extrêmement sympathique et qui a dû disparaître peu de temps après le tournage de l’entretien — il est mort le 26 novembre 2022 —, devient touchant lorsqu’il avoue, à la fin de ce document, qu’il ne peut plus travailler parce qu’il souffre de démence.

Lee Horsley et Kathleen Beller

L’Épée sauvage réunit tous les éléments primordiaux de l’heroic fantasy, à commencer par un démon que l’on réveille de la glaise où il est enfermé. Saluons au passage les effets spéciaux de cette séquence qui tiennent encore bien le coup, le film souffrant plutôt de l’interprétation. Avec son brushing — qui vaut bien celui de Kyle MacLachlan dans le Dune de David Lynch — Lee Horsley paraît aujourd’hui plutôt ridicule. On lui préfèrera largement Richard Lynch, inégalable quand il incarne des personnages de méchants. À noter aussi la présence, dans un petit rôle, du vétéran Jeff Corey, dont la carrière s’étend de 1939 à 2000. Enfin, le générique crédite également Corinne Calvet, beauté française des films hollywoodiens d’aventure des années cinquante, sans préciser ce qu’elle joue.

Dans le rôle du vraiment très méchant sorcier Xusia, Richard Moll eut à souffrir des lentilles de contact qu’on lui fit porter, si bien que le très grand acteur (2m03) ne put tourner que sa première scène et fut ensuite remplacé par une doublure.

Richard Moll et Richard Lynch

Reprenons donc le fil du récit. Le mauvais Titus Cromwell (Richard Lynch) réveille un démoniaque sorcier pour qu’il l’aide à conquérir le royaume d’Ehdan. Il tue donc la famille régnante, un massacre dont seul le jeune Talon (quel nom !) réchappe. Devenu adulte et incarné par Lee Horsley, Talon va revenir sur sa terre d’origine et aider la rébellion menée par le prince Mikah (Simon MacCorkindale) et sa jolie sœur Alana (Kathleen Beller).

Le public visé pourrait être enfantin. Ce que prouverait le gag du gars qui, voulant fuir un danger, se retourne et se paie un mur. Mais, déjà, la séquence du réveil de Xusia est par trop dérangeante pour des gamins et, chemin faisant, voici que l’humour se corse, en devenant beaucoup plus épicé.

Ainsi, lorsque Talon rencontre la princesse Alana, soudain le dialogue s’égare en-dessous de la ceinture. La fille demande au guerrier de libérer son frère emprisonné, ce qu’elle récompensera d’une nuit d’amour. Mais Talon refuse. Pourquoi, interroge-t-elle, votre épée est trop courte ? Ce à quoi il répond qu’elle est déjà brandie.

Plus tard, des combattants surprendront, dans un harem, des femmes aux seins nus. Une séquence visiblement imposée, selon les dires de Pyun, par son producteur.

Le rythme du film est très soutenu, avec de nombreux combats, le franchissement d’un tunnel envahi de rats, le retour final du sorcier, et l’on ne s’étonnera pas qu’il ait totalisé, lors de sa sortie, un si bon score d’entrées.

Toujours les deux Richard, Lynch et Moll

Dernière originalité de cette Épée sauvage : le fait que le héros soit récompensé comme la princesse l’avait promis et qu’il reparte aussi sec vers « d’autres empires à sauver et des femmes à aimer ». Ça nous change du sempiternel happy end où ils se mariaient et avaient beaucoup d’enfants.

L’Épée sauvage est donc un pur morceau de bravoure d’heroic fantasy mais, tout simplement aussi, une réelle fantaisie totalement héroïque.

Jean-Charles Lemeunier

L’Épée sauvage
Année : 1982
Titre original : The Sword and the Sorcerer
Origine : États-Unis
Réal. : Albert Pyun
Scén. : Albert Pyun, Tom Karnowski, John V. Stuckmeyer
Photo : Joseph Margine
Musique : David Whitaker
Montage : Marshall Harvey
Durée : 99 min
Avec Lee Horsley, Kathleen Beller, Simon MacCorkindale, George Maharis, Richard Lynch, Richard Moll, Nina Van Pallandt, Jeff Corey, Joe Regalbuto, Corinne Calvet…

Sortie en 4K UHD et en Blu-ray par Carlotta Films le 4 avril 2023.

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