J’avais gardé un souvenir ému de Apache Drums (1951, Quand les tambours s’arrêteront en V.F.), un western de Hugo Fregonese vu à la télé, à l’époque où celle-ci prenait encore des risques. Les tam-tams indiens qui ne stoppaient que pour l’attaque étaient restés fortement ancrés dans ma mémoire. Sidonis a eu la bonne idée de sortir ce film en DVD, dans sa collection de westerns de légende qui comporte plusieurs perles rares.
Croyez-moi, le film ne déçoit pas. Sans doute plus que Fregonese, c’est le nom du producteur Val Lewton qui, dès le générique, saute aux yeux. Car ces Tambours…, comme La Féline ou Vaudou, sont marqués par une ambiance très originale, à cent lieues des autres westerns.
Apache Drums s’ouvre sur une phrase qui explique que les Indiens sont les victimes des Blancs. Et Stephen McNally, que l’on a autant vu en héros qu’en mauvais garçon de l’Ouest (Winchester 73), va rapidement se retrouver dans la position des cowboys anti-maccarthystes de l’époque : seul contre le groupe. Le film va l’amener tout doucement à aller vers les autres et à renier son individualisme. Là s’arrête la lecture politique. Là où Fregonese et Lewton prennent des risques, c’est qu’ils mettent à bas le manichéisme et que le spectateur ne saura jamais sur quel pied danser : malgré la phrase d’ouverture, les Indiens apportent la peur dans leur sillage. McNally est un héros bien ambigu, égoïste, malhonnête et tueur. Face à lui, le maire (Willard Parker) ne prend que de mauvaises décisions. Quant à la jeune femme courtisée par les deux hommes (Coleen Gray), elle véhicule l’ennui, plus popote qu’aventurière. Citons encore un curé raciste incarné par Arthur Shields, un habitué de John Ford.
Seuls quelques rôles épisodiques sont totalement dignes de respect : un Mexicain, un Indien qui porte l’uniforme de l’armée américaine et son capitaine qui, à l’opposé des habituelles vieilles ganaches anti-indiennes, tient le discours le plus tolérant du film. Quand les tambours s’arrêteront arrive à son point d’orgue lorsque, attaqués de toutes parts, les Blancs se réfugient dans une sombre église éclairée par des fenêtres perchées sur de très hauts murs. Les tam-tams qui ne cessent de résonner et les cris des Indiens lorsque le silence se fait, l’obscurité et les rares sources de lumière, les taches de couleurs apportées par les robes des femmes, les lueurs des feux extérieurs et les badigeons dont s’enduisent les attaquants, tout fait de cette longue séquence une réussite absolue.
Jean-Charles Lemeunier
> Film sorti en DVD le 13 septembre chez Sidonis
Bande-annonce en version originale de Winchester 73 où jouait Stephen McNally, héros de Quand les Tambours s’arrêteront
Je suis en phase avec tes commentaires,Apache Drums reste néamoins un western surprenant,Hugo Fregonèse filme des scènes qui peuvent pour nous cinéphiles,devenir des moments d’anthologie,ainsi quand Clarence Muse alias Jehu se fait scalpé et que Sam Leeds(Mc Nally)le trouve près des chariots,il lui demande de ne pas lui ôter son galurin,il viens d’etre scalpé,la réplique est des plus intérrésantes.Arthur Shields,sociètaire de l’ami Ford dans une grande parti de ses films,fait preuve de courage dans une scène ou il doit avec Leeds faire face a quelques Apache.La scène d’intro(d’ouverture)nous rappelera quelques autres westerns:Distant Drums et The Stand at Apache River
que j’ai vu recement,Apaches est et restera un très bon western.