Home

lalégendedeviy_aff
Adaptant une nouvelle de Nicolai Gogol, La Légende de Viy s’attache à illustrer des mythes slaves peu connus mais à fort potentiel visuel. Au XVIII ème siècle, lors d’une cérémonie où de jeunes filles d’un village d’Ukraine déposent sur l’eau des couronnes de fleurs destinées à déterminer leurs futurs époux (celui qui repêchera une de ces offrandes devra épouser celle qui l’a faite), Pannochka est retrouvée mourante au pied d’un arbre mort (rappelant celui de Sleepy Hollow et True Detective). Ses dernières paroles à son père enjoignent que le séminariste Petrus veille son corps durant trois nuits entières. Ce dernier est retrouvé mort le lendemain de la première nuit, gisant au centre d’un cercle de craie après la confrontation avec une sorcière. Les démons semblent alors avoir élus domicile dans les environs, le chef religieux du village invoquant même leur représentant suprême, Viy, au cours d’une incantation qui impressionne les habitants (manière aussi d’exercer sur eux une forme de contrôle).
Le cartographe anglais Jonathan Green (Jason Flemyng) débarque ainsi en pleine confusion entre luttes de pouvoir et superstitions et tentera de redonner un brin de sérénité.
On devine aisément les intentions du réalisateur Oleg Stepchenko, contraster la perception du folklore local en y opposant le point de vue occidental rationnel. Seulement, le traitement est trop hiératique et la narration patine péniblement, la faute à un montage parfois incohérent qui se contente d’agglomérer des séquences pour relancer le rythme sans prendre le temps de créer une véritable ambiance. On a parfois l’impression d’assister à un enchaînement d’épisodes d’une anthologie.

lalégendedeviy_01
C’est bien dommage car le film bénéficie d’un bestiaire graphiquement impressionnant. Des créatures fantastiques qui imprègnent souvent la rétine mais dont l’utilisation peine parfois à trouver une justification. Les séquences ont donc tendance à s’autonomiser et ne valent que pour elles-mêmes sans véritablement trouver leur place dans le récit afin de lui donner une meilleure consistance. Le résultat est assez foutraque et rappelle aussi bien les produits frelatés de Timur Bekmambetov que le Van Helsing de Stephen Sommers dans sa générosité mal canalisée qui finalement desservait le métrage. En outre, le film aurait gagné à se contenter d’adapter ce récit typiquement slave sans avoir besoin de rajouter le personnage de Green et la sous-intrigue inepte le concernant (sa dulcinée restée au pays avec qui il correspond par pigeons voyageurs) car cela perturbe grandement l’identité narrative qui vacille entre réalité fantastique et démystification. L’intrusion de cet étranger dans cette ambiance exotique renvoie à ce que Big John Carpenter avait remarquablement formalisé avec Jack Burton dans les griffes du mandarin mais Stepchenko a bien du mal à faire de son perso un contrepoint saisissant pour mettre en valeur la culture visitée. Seule compte ici la volonté de pénétrer le marché international qui aura présidé à l’entreprise et tant pis pour ceux qui espéraient une plongée fiévreuse en terre inconnue. Financièrement c’était en tout cas le bon choix étant donné son succès au box-office en Russie, un résultat suffisamment retentissant pour qu’une suite soit prévue.

Nicolas Zugasti

VIY
Réalisateur : Oleg Stepchenko
Scénario : Alexandr Karpov & Oleg Stepchenko d’après une nouvelle de Nicolai Gogol
Interprètes : Jason Flemyng, Andrey Smoliakov, Aleksey Chadov, Agnia Ditkovskite …
Photo : Vladimir Smutny
Bande originale : Anton Garcia
Origine : Russie
Durée : 2h07

 

 

Laisser un commentaire