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Un vieux manoir anglais, une lande brumeuse qui l’entoure, une malédiction remontant à l’époque où les lords, en habit rouge, pouvaient se permettre n’importe quoi avec leurs serviteurs. Et puis notons également des marécages dans lesquels on disparaît sans laisser de traces, une vieille mine, des gens étranges, un chien de l’enfer dont on entend les hurlements et… une jolie fille.

Dans cette adaptation par Terence Fisher du classique de Conan Doyle, The Hound of the Baskervilles (1959, Le Chien des Baskerville), le meilleur de la Hammer est au rendez-vous. Aidé par les images de son complice Jack Asher — ils ont commencé à travailler ensemble plus de dix ans auparavant —, qui sait rehausser les couleurs à la lumière, noyer les paysages dans le brouillard et jouer de la profondeur de champ, Fisher place d’entrée de jeu face à face la quiétude de la demeure bourgeoise londonienne de Sherlock Holmes et de son ami, le Dr Watson, avec la lande du Dartmoor.

André Morell et Peter Cushing

C’est là que, suite à la disparition de lord Baskerville, victime d’une malédiction remontant à l’un de ses ancêtres, Holmes et Watson vont enquêter. Auparavant, ils auront fait la connaissance avec l’héritier, Henry Baskerville, tout droit débarqué d’Afrique du sud.

Christopher Lee et Marla Landi

Dans ce jeu de chat et de souris, on prend plaisir à retrouver les grands interprètes de la compagnie british : Peter Cushing dans le rôle de Sherlock et Christopher Lee dans celui de Sir Henry. Tous deux peuvent se montrer hautains, Henry par nature et Sherlock par calcul. À leurs côtés, André Morell est un Watson digne et l’on retrouve dans les petits rôles quelques figures savoureuses du cinéma britannique de l’époque, de Miles Malleson à Ewen Solon, Francis De Wolff et John Le Mesurier.

Cushing crée ici un personnage digne du Van Helsing, le chasseur de vampires à qui il a prêté ses traits, l’année précédente, dans Le Cauchemar de Dracula du même Terence Fisher. Dans le seul livre écrit en français sur le cinéaste et publié en 1984 chez Edilig, Stéphane Bourgoin remarque que le combat du Bien contre le Mal est l’une des clefs de la filmo de Fisher, le bien étant incarné, dans la série des Dracula, par Van Helsing et ici, dans Baskerville, par Sherlock Holmes.

Élémentaire, mon cher Watson !

N’allons pas croire pour autant que le danger ne provient que du Dartmoor, quand il peut survenir à Londres, allusion à une séquence perturbante qu’il ne faut surtout pas dévoiler. L’inventivité de l’histoire est aussi que Holmes en est absent pendant un long moment, laissant Watson se débrouiller tout seul dans le manoir et la campagne qui l’entoure.

On est en droit de penser que l’une des plus pertinentes incarnations du détective anglais est celle de Basil Rathbone pour la série américaine qui a commencé en 1939 avec une version des Baskerville signée par Sidney Lanfield et qui s’est poursuivie jusqu’en 1946, démarrant à la Fox et passant rapidement à Universal. On est certes loin des récentes adaptations du personnage, de Robert Downey Jr dans les films de Guy Ritchie à Benedict Cumberbatch dans la série de la BBC. Lorsque Cushing reprend le rôle en 1959, les spectateurs anglais viennent de suivre une quarantaine d’épisodes d’une série interprétée par Ronald Howard. Une série qui est policière et souvent humoristique et ne s’approche pas, comme le fait le film de Fisher produit par la Hammer, du cinéma d’épouvante tel que le public de l’époque commence à le rechercher. Et qui n’a pas fini de causer des frissons, jusqu’à aujourd’hui.

Jean-Charles Lemeunier

Le Chien des Baskerville
Année : 1959
Titre original : The Hound of the Baskervilles
Origine : Grande-Bretagne
Réal. : Terence Fisher
Scén. : Peter Bryan d’après Arthur Conan Doyle
Photo : Jack Asher
Musique : James Bernard
Montage : Alfred Cox
Durée : 87 min
Avec Peter Cushing, Christopher Lee, André Morell, Marla Landi, Francis De Wolff, Miles Malleson, Ewen Solon, David Oxley, John Le Mesurier, Sam Kydd…

Sortie en DVD/Blu-ray par BQHL le 27 juin 2024.

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