Alors que, ce 17 octobre, le festival Lumière de Lyon n’est pas encore tout à fait terminé, son organisateur, Thierry Frémaux, annonce déjà le chiffre de 150 000 spectateurs en une semaine. Ce soir-là, le prix Lumière doit être remis au cinéaste américain Michael Mann et Isabelle Huppert, précédente récipiendaire, a tenu à le lui remettre.
« Nous avons en tête depuis longtemps l’idée de récompenser Michael Mann, commente le directeur du festival. C’est un cinéaste du contemporain. En mai 1968, il est venu filmer comme reporter Daniel Cohn-Bendit et Alain Geismar. Il est aujourd’hui l’un des plus grands créateurs de formes. »
Puis, Thierry Frémaux parle du mail envoyé par Quentin Tarantino, « Bienvenue dans le club Lumière », lui qui obtint ce même prix en 2013.

Tandis qu’Irène Jacob, présidente de l’Institut Lumière, exalte ce « cinéma du lyrisme et de la liberté », Isabelle Huppert remercie Michael Mann pour cette chose rare, « savoir filmer dans le même plan la force et la fragilité ».
Après deux chansons de Camélia Jordana, Michael Mann évoque le caractère unique de ce festival, « qui réunit à la fois des cinéastes et une communauté d’individus qui adorent le cinéma et œuvrent à le célébrer ».

Il raconte que, chez lui, le cinéma était devenue une idée fixe quand il avait une vingtaine d’années. « J’étais dans le Wisconsin, je venais de voir un film muet. La nuit était claire, le ciel étoilé. J’ai eu l’impression que ce dernier s’ouvrait, qu’un doigt en sortait et qu’une voix me disait : tu dois devenir réalisateur. C’est un moment où tout s’arrête et vous savez alors que c’est ce que vous devez faire toute votre vie ! »

Il lâche encore : « En 40 ans, rien n’a changé dans cette impulsion à faire du cinéma et à laquelle je ne peux pas résister. La plupart des moments de ma vie seront la matière brute de films qui n’existeront peut-être pas. Ce matin d’hiver de 1963 à changé ma vie. Mon père est venu ici au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il aimait beaucoup la France et il aurait été heureux d’être là, ce soir, avec nous ! »
Jean-Charles Lemeunier