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Invitée par le festival Lumière, l’actrice américaine Natalie Portman, également réalisatrice et productrice, est venue présenter Black Swan ce 13 octobre à l’auditorium de Lyon, devant près de 2000 personnes. L’occasion pour Thierry Frémaux, directeur du festival Lumière et délégué général du festival de Cannes, de l’interroger sur son parcours tandis que Didier Allouch traduisait.

Arrivant sur scène en sautillant, dans une jupe en plumes (clin d’œil au film qui allait être projeté), Natalie Portman a immédiatement évoqué sa « surprise, après 30 ans de carrière, de retrouver toujours la même joie à travailler, la même curiosité, le plaisir d’être toujours là ». Elle ajoute : « Toute petite, j’avais déjà envie de faire ressentir des choses aux gens. J’ai démarré à 11 ans, dans Léon. Ce fut une expérience incroyable. Tout le monde me traitait comme une enfant et l’on avait transformé le plateau en cour de récréation pour moi. »

(Photo JCL)

Sur son expérience, elle reconnaît « avoir appris sur le tas » et ressentir, vers 20-30 ans, « le besoin d’une technique ». Elle prend alors des cours avec un professeur mais, elle le reconnaît, elle a beaucoup appris des acteurs et actrices qu’elle a côtoyés. « J’ai eu la chance de travailler avec Gary Oldman sur Léon, Al Pacino et Diane Venora sur Heat. Au théâtre, dans La Mouette, j’ai joué auprès de Meryl Streep et Philip Seymour Hoffman. Je leur ai piqué plein de trucs. J’ai quand même 32 ans de carrière, que j’ai commencée à 11 ans et j’en ai 44 aujourd’hui. »

Natalie Portman et Al Pacino dans « Heat »

À propos de Heat — qui sera projeté le 19 octobre en clôture de festival, en présence de Michael Mann, prix Lumière 2025 —, elle se souvient : « J’avais alors 14 ans et j’étais partie en colonie de vacances, qui était une sorte d’école-théâtre. J’étais la seule à avoir déjà été actrice. Quand on m’a proposé de tourner dans le film de Michael Mann, j’ai fait écrire dans mon contrat que je devais finir Heat suffisamment à temps pour pouvoir retourner dans la colonie. J’étais stressée que le tournage s’éternise. Al Pacino avait organisé un séjour de deux semaines chez lui avec Diane Venora et moi, pour qu’on puisse répéter ce qu’allait être notre famille dans le film. »

Près de 2000 personnes assistaient à la rencontre (Photo JCL)

Elle s’arrête pour réfléchir. « C’est quand même curieux de se dire que déjà plus de 30 ans sont passés. Il me reste plein de choses à faire mais peut-être que ce sont là mes funérailles et que c’est fini ! »

Pour elle, qui « adore provoquer des émotions et des sentiments chez le spectateur », « le cinéma est aussi une façon de s’évader et de se divertir ». D’où sans doute la disparité de ses choix qui la font travailler autant avec des auteurs que dans des blockbusters, d’apparaître chez Woody Allen, Anthony Minghella, Tim Burton, Wes Anderson, Milos Forman, Terrence Malick, Wong Kar-wai et Darren Aronofsky mais aussi dans les Star Wars, Avengers et autres Thor.

Natalie Portman dans « Thor »

Thierry Frémaux intervient : « Quand Natalie a été membre du jury à Cannes, elle a montré qu’elle avait des convictions très fortes sur les films qu’elle voulait défendre. »

Natalie explique alors qu’en tournant Retour à Cold Mountain, Anthony Minghella lui a parlé de Juliette Binoche, avec qui il avait travaillé sur Le Patient anglais. « Elle est honnête et dit ce qu’elle pense. » Et d’avouer que la Française est devenue son actrice préférée.

De Black Swan, elle dit encore que ce fut « une expérience incroyablement spéciale » et parle du lien « quasiment télépathique » qui la liait au réalisateur du film, Darren Aronofsky. « Dans le milieu des corps de ballet, on a tendance à infantiliser les jeunes danseuses. J’y ai vu un parallèle avec mon enfance sur les plateaux. J’ai découvert que devenir une actrice, ou une danseuse, n’était pas pour faire plaisir aux autres mais pour soi-même. »

Jean-Charles Lemeunier

https://www.festival-lumiere.org/media/festival-lumiere-2025/journal-numero-4-web.pdf#page=2

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