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Des templiers aveugles qui reviennent d’entre les morts ? Les plus assidus du cinéma bis reconnaîtront, dans le scénario de cette Malédiction des morts-vivants que sort Le Chat qui fume en Blu-ray, les personnages issus de la saga d’Amando de Ossorio. Laquelle saga s’est déclinée en quatre épisodes auxquels le malin matou va également s’intéresser. Vu le nombre d’ayant-droits, le Chat récupère peu à peu les films et s’apprête à sortir La Chevauchée des morts-vivants (1975), dernier volet de la série.

Réalisateur de Curse of the Blind Dead (2020, La Malédiction des morts-vivants), Raffaele Picchio ne se contente pas de reprendre le genre d’histoires croquignolesques que l’on adore, celle de Templiers maudits et aveuglés qui reviennent de temps en temps prélever leur part de chair humaine — parfois des femmes, ici des nouveaux-nés. En véritable auteur moderne qui a la notion du développement durable, il sait recycler, adapter, innover.

Ainsi ancre-t-il son récit dans un monde post-apocalyptique en phase avec les traumas contemporains. Un monde fascinant par sa dureté et son cynisme. L’intelligence de Picchio est de démarrer son film par la tradition : une femme qui semble possédée attachée et sur le point d’accoucher, des templiers prêts à sacrifier l’enfant pour leur divinité, la colère des paysans, l’exécution des tortionnaires, bref des images qui sont devenues des classiques du cinéma d’horreur. Sauf que, soudain, on se retrouve plongé dans un tout autre univers, plus proche d’Acide de Just Philippot que de l’ensemble de la filmo d’Amando de Ossorio.

Le cinéaste italien prend visiblement plaisir à ce qu’il fait et sait parfaitement filmer les séquences les plus atroces de démembrements ou de mutilations. Ce qui ne peut que réjouir la totalité des aficionados et d’autres spectateurs aussi qui ne prendront pas peur à de telles séquences ou qui, au contraire, tout à la fois les craignent et meurent d’envie de les voir.

Ajoutons que l’on adore voir se construire des ponts d’un film à l’autre. Ainsi, alors que les Templiers reviennent à cheval, on ne peut s’empêcher de penser aux Nazguls du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Et lorsque, dans les compléments, on voit les images des films d’Ossorio, on comprend que les terribles serviteurs de Sauron ne viennent pas de nulle part mais ont bien leurs sources dans le cinéma horrifique espagnol.

Il est intéressant de suivre également l’interview de Raffaele Picchio, expliquant qu’à l’origine, son scénario se déroulait à l’époque des fascistes italiens, un message politique que le réalisateur ne renie pas puisque l’on retrouve dans le film final ce qu’il appelle « une critique du dogme politique ».

Enfin, on appréciera encore de revoir, dans le rôle du geôlier, le grand Fabio Testi, acteur de tant de films.

Jean-Charles Lemeunier

Sortie en Blu-ray par Le Chat qui fume le 31 mars 2024.

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