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L’éditeur Artus Films ne se lasse pas d’explorer les filons bis du cinéma italien. Après le cinéma gothique, les westerns, les films d’espionnage, ceux qui sont adaptés des fumetti, voilà qu’il ouvre une nouvelle collection consacrée au péplum avec Ercole, Sansone, Maciste e Ursus gli invincibili (1964, Le grand défi) de Giorgio Capitani.

Au début du film, Hercule arrive à un carrefour où deux chemins s’offrent à lui. Éclair et coup de tonnerre, voici Zeus le père (n’oublions pas que notre mot « dieu » dérive de son nom) qui prévient son rejeton : à gauche est le chemin de la vertu, à droite celui du plaisir. Et notre Hercule de s’engager sans hésiter à droite. Nouvel éclair et re-coup de tonnerre. « Hercule, t’es sourdingue, gronde en substance le Paternel, je t’ai dit que la vertu était à gauche. » Plus proche de l’Italien que du demi-dieu grec, Hercule tient tête à Zeus et lui répond qu’il a trop fréquenté les chemins de la vertu et qu’il songe à présent à s’amuser un peu.

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Nous sommes en 1964 lorsque Giorgio Capitani s’attelle à ce premier péplum. Il est devenu scénariste en 1949 et réalise des films depuis déjà dix ans mais c’est la première fois qu’il dirige des musclés en jupettes. Et, il faut bien l’avouer, le genre qui commence à s’essouffler est lui aussi parvenu à une croisée des chemins : soit poursuivre dans le sérieux, soit prendre ces histoires de super héros mythologiques à la rigolade. Il y a deux ans déjà que Duccio Tessari a montré l’exemple avec ses Titans, aimable plaisanterie. En outre, les goûts du public changent et les premiers westerns tournés en Italie et en Espagne ne vont pas tarder à conquérir le marché. Le grand défi débarque sur les écrans italiens le 12 novembre 1964, juste deux mois après Pour une poignée de dollars.

Pour bien montrer qu’une page est en train de se tourner, Le grand défi convoque tous les héros des péplums : Hercule, Maciste, Ursus et Samson. De quoi confondre les confins de la Lydie, où le récit se déroule, avec la Muscle Beach de Venice, à Los Angeles. Le but du jeu va consister à se faire cogner les uns sur les autres tous ces grands costauds pour savoir lequel mérite le titre de l’homme le plus fort du monde. Hercule, qui ne doute de rien, mise sur sa moitié de divinité pour obtenir les lauriers et la main de la princesse de Lydie, la jolie Omphale (Elsa Montes).

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Mis à part le fait que tous sont plus bourrins les uns que les autres, chacun de nos gros bras a sa particularité : Hercule est sûr de lui, Maciste est généreux, qui vole au secours des faibles, Ursus est le plus malintentionné, qui ne pense qu’à remplir son estomac par la force. Quant à Samson, il n’a besoin de personne pour roucouler au pied de sa Dalila dont il est fou amoureux. Las, la traîtresse lui chante Bambino – d’accord, j’en rajoute – et lui coupe les tresses, mécontente qu’il aille reluquer les filles de Lydie qui, paraît-il, sont jolies. Autant dire qu’un Samson tondu est aussi redoutable qu’un nouveau-né et que le combat, qui se déroule entre des cordes tendues, véritable ring antique, est pipé.

Et ainsi de suite. Sans entrer dans le détail de toutes les péripéties, ajoutons néanmoins que le spectateur restera sur sa faim : le grand combat tant attendu entre les rois de la gonflette et les méchants qui rôdent autour n’aura pas vraiment lieu comme si, fatigués, les scénaristes avaient décidé d’arrêter les frais en cours de route.

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Peut-on reprocher à Hercule d’avoir choisi le chemin du plaisir contre celui de la vertu ? Pas sûr que le film y gagne grand chose mais il nous vaut quelques plaisanteries à faire rire au dixième degré, des idées marrantes (l’oracle, le combat), des personnages qui jouent sérieusement (tous les super héros, à l’exception peut-être de Samson) et d’autres qui semblent ne pas prendre du tout au sérieux tout cela. Telle la reine de Lydie, mère d’Omphale. Lia Zoppelli, qui l’interprète, sortait du tournage de Toto e Cleopatra (de Fernando Cerchio) et joue son personnage avec beaucoup de distance.

Jean-Charles Lemeunier

Le grand défi
1964
Italie
Titre original : Ercole, Sansone, Maciste e Ursus gli invincibili
Réalisation : Giorgio Capitani
Scénario : Sandro Continenza, Roberto Gianviti
Photo : Carlo Bellero
Musique : Piero Umiliani
Montage : Roberto Cinquini
Avec Alan Steel (Sergio Ciani), Howard Ross, Nadir Baltimore (Nadir Moretti), Yann L’Arvor, Luciano Marin, Lia Zoppelli, Hélène Chanel, Moira Orfei, Livio Lorenzon, Elisa Montes, Arnaldo Fabrizio, Carlo Tamberlani…

Édité en DVD par Artus Films le 7 avril 2015

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